lundi, avril 21, 2025
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Le système de double taux de change du régime alimente une corruption massive en Iran

Le système de double taux de change du régime alimente une corruption massive en Iran

La politique iranienne de maintien d’un double taux de change est devenue le catalyseur d’une corruption sans précédent, exacerbant l’instabilité économique et poussant le pays vers des crises plus profondes. Les révélations récentes, notamment le scandale entourant la Debsh Tea Company, illustrent l’ampleur de la corruption qui a imprégné le gouvernement et les institutions financières en raison de la manipulation des devises et de l’allocation de dollars bon marché subventionnés par l’État.

L’expert économique Hossein Raghfar a récemment averti que l’or importé se négocie actuellement à un taux implicite du dollar compris entre 110 000 et 120 000 tomans, soit nettement supérieur aux taux officiels du gouvernement. « Lorsque l’or est converti en pièces, le cours du dollar implicite est d’environ 110 000 tomans », a déclaré Raghfar, soulignant un écart important entre les taux annoncés par le gouvernement et les conditions réelles du marché.

Cet écart entre le taux de change officiel et le taux réel du marché a alimenté un marché noir généralisé, où des initiés réalisent d’énormes profits en achetant des devises étrangères à des taux officiels artificiellement bas et en les revendant à des prix considérablement gonflés. Selon Raghfar, cette crise découle directement de politiques économiques défaillantes, d’une corruption généralisée et d’une mauvaise gestion généralisée des organismes gouvernementaux.

Le scandale de la Debsh Tea Company illustre parfaitement comment la corruption prospère dans ce système de double taux de change. Des enquêtes ont révélé qu’entre 2019 et 2022, Debsh Tea Group a reçu environ 3,7 milliards de dollars de sources gouvernementales à des taux préférentiels, dépassant largement les allocations habituelles pour des importations vitales comme les médicaments ou les produits alimentaires de première nécessité. Une grande partie de cette monnaie a disparu ou a été détournée, notamment par la réexportation de thé iranien sous couvert de thé importé et le mélange de thé importé avarié avec des produits frais, compromettant ainsi la santé publique.

Des économistes proches de l’État, dont Mehdi Nosrati et Hossein Salahvarzi, critiquent le système de double taux, le décrivant comme un terreau fertile pour les « signatures dorées » et une corruption endémique. Nosrati souligne que le double taux de change crée intrinsèquement une demande artificielle de dollars subventionnés, favorisant ainsi la corruption. « Dans de telles conditions, des individus ou des entités spécifiques décident qui reçoit des dollars bon marché, et ce pouvoir décisionnel lui-même engendre la corruption », a noté Nosrati.

La corruption profondément enracinée au sein du régime clérical iranien est encore renforcée par une culture d’opacité systémique et d’impunité institutionnelle. Le système monétaire à taux multiples, incarné par le tristement célèbre taux de change subventionné de « 4 200 tomans », a facilité le vol massif de ressources publiques sous couvert de contrôle de l’inflation. Des affaires marquantes, comme le détournement de milliards de dollars de revenus pétroliers par Babak Zanjani, ou la corruption généralisée au sein de la « Bonyad-e Shahid » (Fondation des Martyrs) et de la « Bank Dey », révèlent un schéma où de hauts responsables du régime exploitent les allocations de devises préférentielles à des fins d’enrichissement personnel. Ces institutions, à l’abri de tout contrôle réel, opèrent librement, détournant des milliards de dollars de fonds publics vers des poches privées.

De plus, la gravité de la corruption est illustrée par le déclin du régime dans le classement mondial de l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International. Classé 86e en 2005, l’Iran a chuté à la 168e place sous Ahmadinejad et se situe aujourd’hui à la 150e place, un chiffre inquiétant, reflétant une reconnaissance internationale croissante de la corruption endémique. Le chef du pouvoir judiciaire, Mohseni Eje’i, a récemment souligné la complicité du régime en avouant son incapacité systémique à poursuivre les puissants acteurs des réseaux de contrebande de carburant, qui opèrent ouvertement « des aéroports aux ports maritimes », soulignant ainsi l’ancrage et la protection des réseaux de corruption au sein du pouvoir iranien.

La manipulation monétaire a conduit à la corruption dans de nombreux secteurs, du secteur bancaire aux douanes. Les experts affirment que le manque de transparence et de responsabilité permet aux entités affiliées à l’État et aux puissants membres du régime de détourner d’importantes sommes d’argent public à des fins d’enrichissement personnel.

La mauvaise gestion économique persistante du régime, exacerbée par les sanctions et une corruption incontrôlée, a entraîné une inflation galopante, une baisse du pouvoir d’achat et des troubles sociaux généralisés. Tant que le système de double taux de change perdurera, l’économie iranienne restera vulnérable à la corruption systémique et à une détérioration économique continue.