
Avec l’instauration du cessez-le-feu, la dictature cléricale iranienne se retrouve confrontée à un défi bien plus redoutable que n’importe quel adversaire étranger : son propre peuple. Le régime, affaibli militairement et économiquement, entre dans une phase d’instabilité où la pression sociale, longtemps latente, menace désormais d’exploser.
La récente guerre avec Israël et les États-Unis, bien que brève, a infligé de graves dommages à l’économie iranienne. Les marchés restent paralysés. Le rial a encore perdu de sa valeur, les plateformes de cryptomonnaies ont été touchées par des failles de sécurité et des ventes paniques, et la bourse de Téhéran ne s’est pas encore remise de sa fermeture de plusieurs jours. Les produits de première nécessité sont devenus plus chers et plus rares, notamment dans les provinces qui ont connu des déplacements internes pendant les grèves. Malgré les affirmations officielles d’un « fonctionnement normal », les fluctuations des prix et les pénuries de médicaments suggèrent le contraire.
Ali Madanizadeh, le nouveau ministre de l’Économie du régime, arrive dans un paysage effondré, pratiquement dépourvu d’outils politiques fonctionnels. Son programme à long terme, axé sur l’investissement étranger et une « croissance axée sur la justice », est remarquablement en décalage avec la situation actuelle, où le pain, les médicaments et la sécurité de l’emploi sont les priorités urgentes de la population. Fondamentalement, le véritable pouvoir économique réside ailleurs : dans des institutions qui échappent à son contrôle et dans des conglomérats liés à l’armée qui restent irresponsables même en temps de crise.
Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), souvent présenté comme le bouclier blindé du régime, n’en est pas sorti indemne non plus. La guerre a dégradé ses systèmes de missiles et sa structure de commandement. Cet affaiblissement de l’élite sécuritaire a non seulement révélé les limites de la dissuasion iranienne, mais a également créé un rare vide de pouvoir. L’ennemi extérieur étant momentanément maîtrisé, l’attention intérieure se déplace.
Le régime est désormais confronté à une société agitée et épuisée, qui a enduré la guerre, l’isolement et l’asphyxie économique, sans y avoir consenti. La victoire de la propagande de guerre commence déjà à perdre de son ampleur. Alors que la vie quotidienne ne s’améliore pas, les questions se multiplieront : pourquoi cette confrontation a-t-elle été déclenchée ? Quels ont été les gains ? Qui est responsable de la destruction ?
Ces questions ne restent pas rhétoriques en Iran. Elles ont un poids politique potentiellement explosif. La colère civile, longtemps détournée vers les menaces extérieures, se tourne vers l’intérieur. Et cette fois, les outils traditionnels de dissuasion du régime ne tiendront pas. Les demandes populaires de transparence, de responsabilité et de changement fondamental s’intensifieront, et même des voix au sein de l’establishment commenceront à remettre en question la sagesse d’une stratégie qui a conduit à une telle dévastation, sans aucun bénéfice durable en termes de sécurité ni d’économie.
Alors que la poussière retombe, une vérité devient plus claire : la menace étrangère a disparu, mais le véritable jugement ne fait que commencer.