Le budget approuvé par le régime iranien pour l’année 1404 du calendrier persan (mars 2025 – mars 2026) révèle une forte augmentation du financement des médias contrôlés par l’État, des forces de sécurité et des institutions religieuses, tandis que les services publics, les infrastructures et l’aide économique restent gravement sous-financés. Malgré les turbulences économiques en cours, l’inflation galopante et le mécontentement croissant de la population, le budget du régime donne la priorité à la propagande, à l’expansion militaire et au contrôle idéologique plutôt qu’à la résolution des crises qui s’aggravent dans le pays.
Bien que le plan budgétaire public prévoie des allocations importantes, il ne représente qu’une partie des dépenses réelles du régime iranien. Des fonds substantiels destinés au Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), notamment à sa force Qods, ainsi qu’aux programmes nucléaires et de missiles balistiques du régime, fonctionnent en dehors des comptes officiels, sans transparence ni contrôle. L’IRGC s’est étendu à divers secteurs économiques, contrôlant un vaste empire commercial qui finance ses opérations militaires et secrètes. En outre, de nombreuses institutions affiliées au bureau du Guide suprême gèrent d’importants actifs financiers, tels que l’Exécution de l’ordre de l’imam Khomeini (Setad), un conglomérat valant des centaines de milliards de dollars, amassé grâce à des saisies systématiques de biens. Ces entités et dépenses hors budget permettent au régime de poursuivre ses objectifs militaires et idéologiques sans rendre de comptes au public.
Chiffres clés du budget 2025
Budget total pour 19 ministères du gouvernement : 2 239,88 quadrillions de tomans
Budget de l’IRIB (radiodiffusion d’État) : 35 000 milliards de tomans
Secteurs militaire et du renseignement : augmentation significative du financement
Institutions religieuses et idéologiques : plus de 94 000 milliards de tomans
Augmentation des salaires du secteur public : seulement 20 % malgré une inflation de plus de 50 %
Budget des infrastructures (projets de développement) : seulement 350 000 milliards de tomans, ce qui est insuffisant pour achever les projets en cours
Augmentation massive du budget pour la propagande et les institutions religieuses
L’un des aspects les plus frappants du budget est le financement des médias et des institutions religieuses contrôlés par l’État iranien, qui ne profitent en rien à la population iranienne.
Radiodiffusion publique (IRIB) – Un budget supérieur à celui de 10 ministères réunis
Le budget 2025 de l’IRIB est fixé à 35 000 milliards de tomans, soit une augmentation de 46 % par rapport aux 24 000 milliards de tomans de l’année précédente.
Ce montant dépasse le budget combiné de 10 ministères du gouvernement, dont ceux du Pétrole, de la Justice, des Affaires étrangères et du Patrimoine culturel.
Le budget de l’IRIB correspond également à l’ensemble du budget du ministère de l’Agriculture, malgré l’aggravation de la crise de la sécurité alimentaire en Iran.
Malgré cette allocation massive, l’audience de l’IRIB a chuté, une enquête de l’ISPA montrant que seulement 11,5 % des Iraniens regardent ses séries télévisées et que 12,5 % s’en servent pour s’informer.
Financement des institutions religieuses et idéologiques – Plus de 94 000 milliards de tomans
Centre des séminaires islamiques : 14 000 milliards de tomans
Conseil suprême des séminaires islamiques : 7 000 milliards de tomans
Organisation de propagation de l’islam : 5 000 milliards de tomans
Université internationale Al-Mustafa (un réseau exportant l’idéologie iranienne à l’étranger) : 1 750 milliards de tomans
Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice (chargé de faire respecter les lois sur le hijab) : 242 milliards de tomans
Comité politique des séminaires pour femmes : 1 460 milliards de tomans
Conseil de coordination de la propagande islamique : 313 milliards de tomans
Institut des enseignements de l’imam Khomeini : 450 milliards de tomans
🔹 Budget total des institutions idéologiques : Comparable au budget total de l’Iran pour le secteur énergétique, malgré les coupures d’électricité et les pénuries d’énergie en cours.
Les dépenses militaires et sécuritaires montent en flèche en raison de la répression
Le budget officiel du ministère du Renseignement a été augmenté de 67 %, atteignant 54 000 milliards de tomans. Cette forte augmentation signale de nouveaux investissements dans la surveillance et la répression de l’État.
Les forces militaires et paramilitaires iraniennes, en particulier le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), continuent de recevoir des aides financières non divulguées mais importantes, alors même que les infrastructures et les services publics se détériorent.
Pendant ce temps, les fonds de pension iraniens s’effondrent :
777 000 milliards de tomans alloués aux fonds de pension, couvrant les retraités de la fonction publique, de l’armée et de l’industrie sidérurgique.
Les travailleurs retraités protestent depuis des années en raison des retards ou du non-versement des pensions, que le gouvernement continue d’ignorer.
Les services publics, les salaires et les infrastructures gravement sous-financés
Éducation et santé
Alors que le régime iranien prétend allouer des fonds importants à l’éducation et à la santé, en réalité, ces secteurs sont privés de ressources. Les écoles restent obsolètes, les enseignants ne sont pas payés, les hôpitaux souffrent de graves pénuries de médicaments et les services essentiels s’effondrent.
Les enseignants et les travailleurs de la santé ont protesté à plusieurs reprises contre les bas salaires et le sous-financement des installations.
Les augmentations de salaires du secteur public sont bien inférieures à l’inflation
Les salaires des fonctionnaires ne devraient augmenter que de 20 %, tandis que l’inflation des biens essentiels a dépassé les 50 % ces derniers mois.
Pendant ce temps, les prix des denrées alimentaires, du logement et des services de base restent inabordables pour de nombreux Iraniens.
Les projets d’infrastructure et de développement connaissent des retards
Le budget d’infrastructure de l’Iran pour 2025 n’est que de 350 000 milliards de tomans.
Ce montant est insuffisant pour achever plus de 2 000 projets de développement bloqués, notamment des routes inachevées, des réseaux d’approvisionnement en eau et des centrales électriques.
Les experts estiment qu’il faudrait 13 ans pour achever les projets d’infrastructure inachevés de l’Iran au niveau budgétaire actuel.
Un budget pour la répression, pas pour l’aide
Le budget 2025 de l’Iran donne clairement la priorité à l’oppression systémique, à l’expansion militaire et à la survie du régime plutôt qu’à la résolution de la détérioration des conditions économiques du pays. Alors que les prix des denrées alimentaires montent en flèche, que les soins de santé sont sous-financés et que des millions de retraités peinent à percevoir leur pension, la décision du gouvernement d’investir des milliards dans la propagande et les forces de sécurité met en évidence son décalage avec les besoins du peuple iranien.
🔹 Alors que les citoyens iraniens sont confrontés à une pauvreté croissante, le régime clérical continue de s’enrichir et d’enrichir ses institutions à leurs dépens.
🔹 Ce budget est le signe d’une plus grande oppression, d’une plus grande propagande et d’une plus grande mauvaise gestion, tandis que les Iraniens ordinaires luttent pour survivre.