Suite au décès du président des mollahs, Ebrahim Raïssi, la Bourse de Téhéran a été fermée jusqu’à nouvel ordre, selon des sources officielles. Cette fermeture fait suite à une importante instabilité financière et à une forte baisse du marché boursier, que le régime semble attribuer à la mort de Raïssi et aux bouleversements politiques qui en ont découlé.
Les rapports de divers médias d’État indiquent que le marché boursier connait un ralentissement dramatique avant la fermeture du marché. Les données suggèrent que le taux des obligations d’État, ou « akhza », avait considérablement augmenté avant la mort de Raïssi, suscitant des inquiétudes quant à une manipulation du marché.
La crise financière s’est intensifiée avec la chute de la valeur du rial iranien. Le lundi 20 mai, le journal public Khabar Online a rapporté : « Depuis l’annonce du crash d’hélicoptère impliquant Raïssi, le taux de change sur le marché libre, qui était tombé à 56 000 tomans, a soudainement augmenté sur les chaînes Telegram à 61 000 tomans. »
En outre, l’agence de presse officielle ISNA a souligné : « Toutes les transactions à la Bourse de Téhéran, à la Bourse iranienne Fara et aux titres basés sur la bourse des matières premières seront suspendues aujourd’hui en raison du décès de Raïssi. »
Les experts financiers ont noté qu’avant la mort de Raïssi, le taux des obligations avait augmenté de 40 %, attribuée à des manipulations délibérées au sein du marché boursier. Cela a été considéré comme un effort du gouvernement pour imprimer et vendre des obligations pour couvrir le déficit budgétaire. Ces actions auraient été ordonnées directement par le chef de l’Organisation iranienne du plan et du budget, dans le but d’émettre 4 000 milliards de tomans d’obligations sur le marché des capitaux.
Cette stratégie financière, visant à combler l’important déficit budgétaire, a été mise en œuvre au début de l’exercice budgétaire pour éviter les crises financières de fin d’année. Cependant, la mort de Raïssi a perturbé ces plans.
The burst of #Iran’s stock market bubble and the disappearance of people's money in the capital market has been a topic of discussion and criticism by the media and government experts.https://t.co/eKvnIg2gtF
— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 21 avril 2021
En outre, d’autres manipulations ont été signalées au sein du marché boursier, notamment l’annulation d’exonérations fiscales pour les sociétés boursières. Parallèlement à l’émission d’obligations d’État, cette décision faisait partie de la politique interventionniste de l’administration de Raïssi.
#Iran’s #StockMarket Bubble
What miracle has happened in Iran’s #economy that the #Tehran Stock EXCHANGE has risen by 250 percent compared to the rest of the world? https://t.co/U7sCLyCsjS— NCRI-FAC (@iran_policy) 31 mai 2020
L’impact de ces politiques financières a été profond. De nombreuses entreprises, notamment de grandes sociétés comme Zagros Petrochemical, Tabriz Oil Refining, Bandar Abbas Oil Refining et Esfahan Steel, ont atteint des niveaux de pertes alarmants. La hausse des taux des titres de dette publique a concurrencé le marché boursier, poussant les investisseurs à se retirer de la bourse.
Ces derniers mois, le gouvernement de Raïssi a fait pression sur le marché boursier en manipulant les taux des matières premières et des bons du Trésor. La hausse des titres de créance a historiquement rivalisé avec celle du marché boursier, incitant les investisseurs à quitter le marché des actions au profit d’obligations plus sûres.
Les politiques économiques plus larges de l’administration Raïssi, notamment une réduction des taux de profit à 18 % au dernier trimestre, avaient déjà sonné l’alarme au sein du marché boursier. Ces manœuvres financières ont amené des sociétés pétrochimiques, sidérurgiques et pharmaceutiques prospères et compétitives au bord de l’insolvabilité.
Cette fermeture prolongée a suscité l’indignation des investisseurs et des courtiers, qui considèrent le marché boursier comme un indicateur essentiel de la santé économique du pays. Des manifestations ont éclaté dans les principales places commerciales de Tabriz et d’Ispahan, les courtiers exprimant leur frustration. A Chiraz, la Bourse s’est jointe aux manifestations en fermant ses systèmes.
Malgré la fermeture du marché, la tourmente s’est poursuivie avec des pertes importantes. Le 26 mai, 96 % des symboles boursiers et des indices étaient dans le rouge. Le principal indice boursier a chuté de 20.730 points, pour atteindre 2.077.000. L’indice équipondéré a chuté de 0,6 %, tombant à 685 513. L’indice de gré à gré (OTC) a également baissé de 263 points, pour atteindre 22 582.
Sur l’ensemble des indices, seuls 33 étaient positifs, tandis que 763 étaient négatifs. Les rapports suggèrent que ces quelques symboles positifs ont été artificiellement maintenus pour présenter une image moins sombre.
Du 20 mars au 26 mai, les investisseurs individuels ont retiré du marché la somme stupéfiante de 7 240 milliards de tomans. Le rythme des retraits s’est récemment intensifié, avec 655 milliards de tomans retirés le 26 mai. Pour contrecarrer la baisse du marché, le gouvernement a injecté 386 milliards de tomans en bourse le même jour.
De plus, la valeur des ordres de vente a atteint 2 200 milliards de tomans le 26 mai, ce qui a conduit les médias officiels à surnommer cette journée « Dimanche noir ».
Avec la disparition de Raïssi, le guide suprême des mollahs Ali Khamenei a nommé son proche collaborateur, Mohammad Mokhber, président par intérim. Cette décision visait à stabiliser la situation financière grâce à des transferts financiers intra-gouvernementaux. Cependant, en raison de l’intensification de querelles entre factions au milieu du simulacre d’élections présidentielles, le marché financier iranien se dirige vers tout sauf la stabilité et la certitude.