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EDITORIAL – Le budget de Rohani pour l’Iran en 2021 : Rêve ou faillite économique ?

Le 2 décembre, le président du régime iranien, Hassan Rohani, a présenté son budget 2021 au Parlement. Depuis, les propres autorités du régime et les médias publics soulignent son caractère infondé et l’ont taxé de creux.

Pour le budget 2021, le gouvernement Rohani a alloué 841 billions de tomans au budget général du gouvernement. Dans ce projet de loi, le montant des ventes de pétrole est estimé à 2,3 millions de barils par jour (BPD) à 40 dollars le baril.

Selon les médias officiels, le gouvernement veut vendre 900 000 barils à la population sous forme d’obligations pétrolières. Il avait déjà proposé ce plan, promettant aux gens de leur rendre leur argent dans deux ans. Le plan était destiné à dépouiller les Iraniens de leurs devises étrangères. Il a eu un fort retentissement social. Les Iraniens se sont exprimés sur les médias sociaux pour dénoncer cette nouvelle tentative d’extorsion avec une promesse aussi creuse que ridicule.

Par conséquent, les 900.000 barils de pétrole inclus dans le projet de loi budgétaire basé sur la vente d’obligations pétrolières publiques est tout simplement un mirage.

11% de plus pour la répression

Dans le projet de loi de finances 2021, le budget des institutions militaires et répressives a augmenté de 11 % et a atteint 121 000 milliards de tomans. Alors que l’épidémie de coronavirus ravage le pays, le budget des forces oppressives est plus élevé que celui de la santé. Le budget des services publics ne représente qu’environ 20 % du budget des forces militaires et répressives.

Cette situation montre que le régime a abandonné la crise du coronavirus, et qu’il mise sur l’immunité collective sans lui allouer un budget approprié. Pourtant, la première préoccupation du pouvoir reste sa « sécurité », ou plutôt d’empêcher un nouveau soulèvement populaire.

Cette inquiétude vis-à-vis d’un soulèvement populaire n’est pas sans fondement. Lorsque la théocratie n’a pas de source de revenus et dépend de la vente fictive de pétrole dans son projet de loi de finances, la conséquence sera un taux d’inflation croissant et une montée des prix effrénée.

Le mécontentement social qui frise l’explosion, est la conséquence de la cherté de la vie sans précédent. « La flambée des prix des biens de consommation en novembre 2020 a ravivé le souvenir du soulèvement, qui est un souvenir très amer pour le système », a écrit le quotidien officiel Vatan-e Emrouz le 28 novembre 2020.

Exportation de rêve pétrolier

Le guide suprême du régime, Ali Khamenei, et Rohani savent mieux que quiconque que l’exportation de 2,3 millions de barils de pétrole par jour n’est qu’un rêve.

Cependant, Khamenei et Rohani parient sur une hypothèse. À cet égard, le 6 décembre, Rohani a déclaré que « lorsque le Plan d’action global conjoint [JCPOA ou l’accord nucléaire iranien de 2015] a été mis en oeuvre, nous avons pu augmenter les ventes de pétrole à 2 millions de BPJ. Aujourd’hui, nous sommes prêts à augmenter la production de pétrole ».

Les propos de Rohani permettent de comprendre que son plan budgétaire dépend de la levée de toutes les sanctions. De nombreux experts et médias du régime ont répondu au rêve de Rohani.

Inflation redoublée en vue

« Ce projet de loi est conçu politiquement. Si les députés l’approuvent, ils font un pas très efficace vers des négociations avec les États-Unis. Car, selon ce projet de loi, ils se sont engagés à ce que « nous ayons besoin des revenus du pétrole ». Les revenus pétroliers sont conditionnés à la levée de toutes les sanctions, et ces dernières sont conditionnées aux négociations avec les États-Unis », a déclaré Mehdi Movahedi, un des experts du régime.

Mohsen Dehnavai, un membre du bureau du parlement du régime, a déclaré : « Que Dieu aide Rohani à se réveiller de son rêve. La vente de 2 millions de BPJ de pétrole signifie que le gouvernement a supposé que l’année prochaine serait sans sanctions. C’est irréaliste. »

Le quotidien Keyhan, porte-parole de Khamenei, a écrit : « La loi de finances 2021 est pleine de recettes creuses et irréalistes. Nous aurons un déficit budgétaire important l’année prochaine. »

« Même une personne peu instruite en la matière peut comprendre que les recettes du budget 2021 tiennent du miracle et que cela aura de nombreuses conséquences inflationnistes », a déclaré Mohammad-Reza Sabz-Alipour, l’un des économistes du régime.