samedi, novembre 2, 2024
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Iran : Lettre de soutien de prisonniers exilés aux grévistes de la faim à Gohardacht

Iran : Lettre de soutien de prisonniers exilés aux grévistes de la faim à Gohardacht

CNRI – Un groupe de prisonniers politiques de la prison d’Ardebil, au Nord-Ouest de l’Iran, a adressé une lettre de soutien aux détenus de la prison de Gohardacht, en banlieue de Téhéran qui observent une grève de la faim, exhortant le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à prendre des mesures urgente pour sauver les vies de ces prisonniers.

Ils ont souligné dans leur lettre que si les revendications des prisonniers politiques de Gohardacht ne sont pas prises en compte, et s’ils ne sont pas transférés dans la salle 12 de la prison, ils entameraient eux aussi une grève de la faim.

Voici l’extrait de la lettre :

Mme Asma Jahangir, le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran,

M. Zeid Ra’ad al-Hussein, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme,

Nous, les prisonniers politiques exilés dans la prison d’Ardebil, avons appris que les prisonniers politiques de la prison de Gohardacht ont été soudainement transférés en isolement cellulaire dans la salle 10 de la prison depuis plus de deux semaines. La salle 10 dispose de plus de 40 caméras et autres dispositifs de surveillance, avec une atmosphère de sécurité maximale, et les prisonniers sont constamment observés et sous la surveillance des caméras. En protestation contre ce transfert soudain et suspect, un groupe de nos frères prisonniers en isolement cellulaire dans la salle 10 ont entamé, il y a plus de deux semaines, une grève de la faim indéterminée, alors qu’ils sont privés de visites familiales et de tous contacts.

Nous soutenons les prisonniers politiques de la prison de Gohardacht qui sont en grève de la faim, et déclarons :

Nous les prisonniers n’avons d’autre soutient que Dieu, et n’avons d’autre moyen de nous faire entendre que la grève de la faim pour nous défendre contre l’ennemi, ces bourreaux qui nous ont maintenus captifs.

La grève de la faim a toujours été un ultime boucliers défensifs auxquels nous recourrons contre les attaques horribles des dirigeants oppressifs qui n’ont aucune pitié pour la population iranienne.

En tant que prisonniers politiques, nous comprenons entièrement la raison pour laquelle nos frères détenus dans la prison de Gohardacht ont entrepris de telles actions sous l’effet d’énormes pressions physiques, psychologiques, voire même de la torture, et ont décidé de se priver de nourriture.

Vous êtes-vous jamais demandé ce qui peut pousser une personne à entamer une grève de la faim et à ne toucher à aucun repas pendant une longue période ? C’est encore plus difficile de subir la cruauté et la criminalité des dirigeants que de supporter une mort lente. Parce que nous sommes des prisonniers politiques, et surtout des prisonniers d’opinion en Iran, nous sommes prêts à mourir avec dignité, mais nous ne cédons pas à l’humiliation et à l’abjection.

Nous soutenons les revendications légitimes des prisonniers politiques en grève de la faim, notamment M. Abolghasem Fouladvand, Saeed Masouri, Reza Akbari Monfared, Hassan Sadeghi, Ja’far Eghdami et Shahin Zoghi-Tabar et tous les autres prisonniers qui sont en grève de la faim dans la salle 10 de la prison de Gohardacht, concernant leur retour dans la Salle 12 de la prison.

Si les prisonniers politiques de la prison de Gohardacht n’obtiennent pas satisfaction à leurs requêtes, nous organiserons une grève de la faim générale en soutien à leur cause, parce que nous croyons que l’on ne devrait jamais céder à l’oppression, et que si un tyran opprime quelqu’un et que ce dernier accepte l’oppression, il n’est lui-même en rien différent de l’oppresseur.

Nous, les prisonniers politiques, avons connu beaucoup de pression. En 2012, c’était le tour des prisonniers politiques du quartier 5 de la prison de Zahedan de subir une telle oppression. En 2014, ils ont attaqué les prisonniers politiques du quartier 350 dans la prison d’Evin et les ont mis sous d’énormes pressions. Toujours en 2014, ils ont pris d’assaut le quartier 7 de la prison d’Ardebil et ont mis les prisonniers politiques sous pression.

A présent, c’est au tour des prisonniers politiques du quartier 12 de la prison de Gohardacht de subir la répression et l’oppression. Pendant combien de temps devrons-nous tolérer cela et demeurer silencieux ?

La liberté est un droit inhérent à chaque être humain. Ils nous ont dépourvus de notre plus grand droit humain. Nous sommes, au quotidien, sujets à diverses formes de torture et de persécution, qui ont été conçues et mises en œuvre au sein des panels d’experts du régime du Guide Suprême (Velayat-e-Faqih).

M. Asma Jahangir, M. Zeid Ra’ad al Hussein,

Nous, les prisonniers politiques et prisonniers d’opinion de la prison d’Ardebil, vous exhortons, vous ainsi que la communauté internationale, à défendre les droits des prisonniers en Iran. Ne gardez pas le silence face aux exécutions quotidiennes en Iran et prenez les mesures urgentes afin de sauver les vies des prisonniers politiques en grève de la faim dans la prison de Gohardacht.

Les prisonniers politiques de la prison d’Ardebil

Août 2017