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Document choquant sur la trahison des droits humains, des principes fondamentaux de l’ONU et des droits des réfugiés

• Document du HCR, 19 janvier 2012 : On ne peut certifier le bon état des infrastructures et la conformité aux normes de Liberty 
• Martin Kobler, 31 janvier 2012 : L’infrastructure et les équipements de Liberty sont conformes aux normes internationales
• Appel aux USA et à l’ONU pour une enquête immédiate et impartiale sur les agissements criminels de Martin Kobler visant à priver les résidents d’Achraf de leur foyer et à les envoyer à la prison Liberty au nom de l’ONU et du HCR

 

Un document choquant obtenu par la Résistance iranienne révèle de nouvelles dimensions des intrigues ignobles et criminelles de Martin Kobler visant à exécuter les ordres du régime iranien et du gouvernement irakien pour chasser les Achrafiens de leur foyer et les expédier à la prison de Liberty. Le document est joint.

Ce document est daté du 19 janvier 2012, imprimé sur papier à en-tête du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) qui comprend une évaluation technique du camp Liberty par l’expert en abris du HCR, Martin Zirn. Le document est intitulé « Lieu de Transit temporaire (LTT) pour les anciens habitants d’Achraf au camp Liberty ».

Martin Kobler qui était bien au courant de l’état du camp Liberty, a essayé dès le départ de rendre le HCR complice de ses efforts pour priver les Achrafiens de leur foyer et les faire partir à la prison de Liberty. Pour cela il a emmené avec lui un expert en abris du HCR à Bagdad en vue de délivrer un certificat de complaisance pour le camp Liberty.

Bien que ce document ne soit pas signé, il a été rédigé sur du papier à en-tête du HCR d’Ethiopie, où Martin Zirn travaillait il y a encore quelques semaines.

Le document a été produit « sur la base de l’évaluation technique de la section 1 le mercredi 18 janvier ». A ce jour, outre Martin Zirn, Martin Kobler et son adjoint Georgy Busztin, le Dr. Jafar Hassan, représentant de WHO, Claire Bourgeois, la représentante du HCR en Irak, et d’autres responsables de la MANUI ont visité Liberty.

Le document montre clairement que Liberty est loin de répondre aux normes humanitaires et des droits de l’homme et que l’ampleur des manques touchant son infrastructure est telle qu’ils ne peuvent être rapidement comblés et réparés. Le document dit :
« D’un point de vue technique, le HCR n’est pas en mesure
– 3) de certifier ou de vérifier que le lieu en question répond aux normes humanitaires selon les normes existant dans de nombreux livres, comme le UNHCR Handbook, SPHERE, WHO et les autres, tout en sachant qu’ils ont été pensés pour des réfugiés en cas d’urgence.
– 4) le HCR n’est pas en mesure de certifier ou de vérifier le fonctionnement des infrastructures ou des installations enfouies.
– 5) le HCR n’est pas en mesure de certifier ou de vérifier le fonctionnement des infrastructures telles que :
Les groupes électrogènes
Les pompes à eau
L’alimentation en eau
Les réservoirs d’eau
L’évacuation de l’eau usée (tuyaux, réservoirs et pompes)
Les équipements électriques et informatiques et les distributions etc
. »

Le document souligne que : « Il est essentiel que le gouvernement irakien autorise les entrepreneurs d’Achraf d’entrer dans le TIL trois à cinq jours avant le transfert du dossier. »

Malgré ce rapport, après la visite du 18 janvier 2012, Martin Kobler a envoyé une série de photographies au représentant des habitants qui, contrairement à l’évaluation de l’expert du HCR, présentaient une excellente image de Liberty. Cela visait clairement à tromper les habitants pour qu’ils partent à Liberty. Les photographies se sont rapidement avéré des photos sélectionnées et retouchées.

Le 31 janvier 2012, douze jours plus tard, et contrairement au rapport du 19 janvier 2012, Martin Kobler a publié un communiqué dans lequel il disait : « Le HCR et le bureau des droits de l’homme de la MANUI ont maintenant confirmé que les infrastructures et les installations du camp Liberty sont conformes aux normes humanitaires internationales stipulés dans le protocole d’accord. » Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Irak Martin Kobler y déclare : « Je remercie le HCR et l’équipe des droits de l’homme pour leur expertise. Ceci nous fait avancer d’un pas pour nous assurer que les conditions appropriées sont réunies pour le transfert volontaire des habitants du camp du Nouvel Irak. »

La veille, le 30 janvier 2012, Mme Claire Bourgeois, représentante du HCR en Irak dans un rapport intitulé « Evaluation technique du Lieu de Transit Temporaire (LTT) pour les ex-résidents d’Achraf dans le camp Liberty» présentait une image absolument différente du document du 19 janvier. Après une série d’explications, ce rapport concluait que : « Suite à une série de visites au camp Liberty et une évaluation conjointe avec les représentants du gouvernement irakien, entre le 17 et le 28 janvier, les points suivants sont confirmés : d’un point de vue technique et en conformité avec les normes des abris et des camps, tels que SPHERE et le HCR, le LTT-camp Liberty peut être considéré convenable pour loger les habitants. »

Selon des documents disponibles, ce rapport technique se devait d’être professionnel et impartial. Il a été corrigé et finalisé par Martin Kobler, alors que ce dernier avait affirmé qu’il n’interfèrerait pas dans le travail professionnel de Martin Zirn.

Avec le temps, il ne fait plus aucun doute que le communiqué du 31 janvier 2012 de Kobler et l’évaluation technique du 30 janvier 2012 étaient totalement coupés de la réalité. Et pourtant, un an après, malgré les énormes dépenses pour y vivre (4 millions $ pour le carburant et 2,5 million $ pour l’eau), l’infrastructure du camp reste dans un critique et après les pluies du 25 décembre, Liberty est devenu inhabitable. Les égouts et les eaux ont totalement inondé le camp. La semaine dernière, les habitants ont drainé 18 millions de litres d’eau avec des équipements rudimentaires comme des camions citernes, mais l’environnement reste contaminé et impraticable à cause de l’eau et de la boue.

Le document choquant du 19 janvier 2012, que Kobler avait gardé secret jusqu’à maintenant, révèle qu’il a consciemment et délibérément fait circuler un rapport de l’ONU et du HCR monté de toute pièce pour tromper les habitants. C’est une trahison flagrante des droits de l’homme, du principe sacré d’asile et des valeurs sur lesquelles les Nations Unies ont été fondées.

On ne comprend pas cependant comment en onze jours, le camp Liberty a soudain répondu à toutes les exigences qui lui faisaient défaut, comment le représentant du WHO et son livre dont il est question dans le document du 19 janvier ont été supprimés et comment la nécessité pour les entrepreneurs d’Achraf d’aller à Liberty avant le transfert des habitants a aussi été supprimée ? Cela devient plus sérieux quand nous considérons que ces points ont été mis en avant à maintes reprises entre décembre 2011 et janvier et février 2012 par les représentants des habitants, leurs avocats, des groupes parlementaires et des personnalités politiques éminentes, et Kobler n’a répondu à aucun d’entre eux et a simplement  dissimulé la vérité. Il s’agit d’un acte criminel.

La Résistance iranienne appelle le gouvernement américain, le Secrétaire général de l’ONU et le Haut commissaire pour les réfugiés, qui sont responsables de la sécurité et de la protection des habitants d’Achraf et de Liberty en tant que personnes protégées par la 4e Convention de Genève et des demandeurs d’asile bénéficiant d’une protection internationale, de lancer une enquête urgente et impartiale sur les agissements criminels de Martin Kobler pour priver les Achrafiens de leur foyer et les envoyer à la prison de Liberty, particulièrement au nom de l’ONU et du HCR. Elle leur demande de garantir leur sécurité, leur protection et leurs droits, notamment leur droit à la propriété.

Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne
Le 3 janvier 2013

Contexte
1- En décembre 2011et en janvier 2012, les représentants des habitants ont insisté dans de multiples lettres aux autorités américaines, au Secrétaire général de l’ONU, au Haut commissaire aux réfugiés, au Haut commissaire des droits de l’homme et à Kobler en personne sur la nécessité qu’une équipe d’ingénieurs d’Achraf inspecte Liberty avant le transfert des habitants. Mais Kobler répétait constamment que le gouvernement irakien y était opposé. Les habitants ont même été jusqu’à proposer que les experts d’Achraf se rendent un seul jour à Liberty pour faire une première évaluation de la situation. Mais cela leur a aussi été refusé.

2- Le représentant des habitants le 25 décembre 2011 a écrit à Martin Kobler : « Pour ne pas perdre de temps, Mme Radjavi m’a demandé de vous transmettre cette proposition : mardi 27 décembre, une équipe de la MANUI emmènera avec elle au camp Liberty une équipe de 10 personnes d’Achraf, qui sont des experts en logistique pour une visite d’évaluation d’une journée, afin de voir de près et d’évaluer les besoins et les travaux nécessaires à entreprendre. Ensuite, le jeudi 29 décembre un groupe de 100 habitants partira d’Achraf à Liberty pour entamer les préparations afin que lorsque les minimas seront garantis, le transfert pourra être accéléré. »

3- Le 29 décembre Mme Radjavi a adressé une lettre à la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, dont une copie a été envoyée au Secrétaire général Ban Ki-moon, à l’ambassadeur James Jeffrey, à l’ambassadeur Daniel Fried et à Martin Kobler, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Irak. Elle disait notamment : « Tout en rappelant mon insistance auprès des résidents d’Achraf pour le transfert de 400 personnes à Liberty en signe de bonne volonté, jusqu’à ce que l’aval du gouvernement irakien arrive avec les assurances minimales, ce dont l’ambassadeur Geoffrey et l’ambassadeur Dan Fried et le Représentant spécial du Secrétaire général en Irak sont parfaitement au courant, et en rappelant que 400 habitants se sont déclarés prêt depuis le 30 décembre à partir à Liberty avec leurs véhicules et biens meubles, pourquoi, qui et dans quel but, empêche-t-on la visite du nouveau lieu par cinq à dix habitants d’Achraf   pour évaluer la situation et les besoins du nouveau camp ? La question évidente que posent les habitants est de savoir si oui ou non Liberté sera une prison ? Autrement, le transfert des équipements nécessaires à Liberty pour le préparer et combler ses lacunes, ne devrait faire de tort à personne. »

Dans cette lettre, Mme Radjavi a une nouvelle fois demandé de l’aide à la secrétaire d’Etat Clinton et à intervenir pour que l’ambassadeur Kobler puisse convaincre le gouvernement irakien d’accepter « l’inspection du camp Liberty par quelques ingénieurs d’Achraf ».

4- Le 30 décembre 2011, le représentant des habitants a écrit à Martin Kobler : « Si l’Irak refuse une visite exploratoire initiale au camp Liberty par une équipe de cinq à dix habitants d’Achraf, je demande que de la part des résidents, une délégation formée d’avocats et de représentants d’Achraf, tels que le sénateur Robert Torricelli, le général de brigade David Phillips (ret.), M. Paulo Casaca (ancien eurodéputé) et le Dr. Juan Garces (éminent juriste international) puissent se rendre demain en Irak pour visiter le camp Liberty et assurer les résidents qu’il n’y a aucune malveillance à leur encontre. »

5- Le 4 janvier 2012, le représentant des habitants a écrit à Martin Kobler : « Nous avons également souligné qu’un petit groupe de cinq à dix ingénieurs d’Achraf puisse personnellement inspecter le camp et fournir une évaluation du lieu. Cependant vous avez déclaré que le gouvernement irakien s’opposait à un tel arrangement. En ce qui concerne les résidents, il s’agit d’une indication claire qu’on les conduit en prison. »

6- Le 15 janvier 2012, Struan Stevenson, président de la délégation du Parlement européen des relations avec l’Irak écrivait à Jean de Ruyt, conseiller spécial de Mme Ashton pour Achraf :
« En diverses occasions, j’ai essayé de convaincre la direction de l’OMPI de renoncer à leur droits pour éviter la violence et j’ai réussi la plupart du temps. Mais en toute conscience, tant que je ne serai pas convaincu que Liberty n’est pas une prison, je ne peux pas leur en demander davantage. Considérant la confiance que les résidents d’Achraf placent moi, je crois vraiment que la proposition de M. Mohadessine est très utile. Moi, vous, Martin Kobler, et quelques avocats de l’OMPI pouvons nous rendre à Liberty et constater sur place pour quelques heures la situation, et ensuite aller à Achraf pour expliquer ce que nous avons vu aux résidents. Je suis sûr que ce sera profitable pour toutes les parties concernées. Je peux vous promettre que dans ce cas, les résidents, la direction du camp et le leadership à Paris me feront confiance et m’écouteront. Ensuite, le gouvernement irakien sera forcé d’accélérer les travaux pour fournir les minimums requis à Liberty. Je pense que Martin (Kobler) peut arranger cette visite. »

7- Le Comité international pour l’Application de la Justice (ISJ) dans son rapport du mois d’avril 2012 au Conseil de sécurité de l’ONU sur Achraf et Liberty, passe en revue les obstructions faites à la visite à Liberty d’une délégation de résident d’Achraf avant le transfert des habitants et écrit : « Dans des rencontres avec les représentants d’Achraf à Bruxelles, le 7 décembre, et à Paris les 16 et 17 décembre, le représentant spécial assurait que Liberty et un complexe habitable et prêt et qu’au moins 1200 personnes doivent y être transférées avant la fin de l’année. C’est pourquoi il insistait pour que le protocole d’accord soit signé rapidement avec le gouvernement irakien. Les efforts des résidents, de l’ISJ, du ICJDA, du Parlement européen et d’éminentes personnalités américaines pour visiter le camp Liberty avant le transfert des résidents sont restés lettre morte sans la moindre justification. »

8- Le 7 février des personnalités politiques de premier plan américaines des deux partis, dont plusieurs ayant occupé des fonctions dans les quatre gouvernements précédents, ont proposé dans un communiqué de se rendre en Irak comme observateurs impartiaux du transfert du premier groupe d’Achrafiens. Ce communiqué a été publié par l’ambassadeur John Bolton, le Secrétaire Andrew Card, le général James Conway, l’ambassadeur Dell Dailey, le sénateur Alfonse D’ Amato, le gouverneur Howard Dean, le Pr Alan M. Dershowitz, le juge Louis J. Freeh, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, le gouverneur Jim Hodges, l’ambassadeur Bob Joseph, Patrick Kennedy, l’amiral James “Ace” Lyons, Jr.,  le colonel Wesley Martin,l’ancien ministre Michael B. Mukasey, le général David Phillips, l’ambassadeur Mitchell Reiss, le gouverneur Ed Rendell, le Secrétaire Tom Ridge, John Sano, le général Hugh Shelton, le sénateur Robert G. Torricelli et le général Charles F. Wald. Ils y déclarent : « Nous sommes particulièrement encouragés par le communiqué publié le 1er février par le bureau du Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR) sur la situation des 3400 habitants du camp d’Achraf en Irak. Nous sommes très troublés par la position officielle du gouvernement irakien comme quoi les habitants d’Achraf n’auront aucune liberté de mouvement au camp Liberty. Nous sommes également très préoccupés par le fait que les habitants n’auront pas d’intimité, d’autant plus qu’il y a un millier de femmes parmi les habitants. Nous réitérons notre position constante et répétée comme quoi le camp Liberty ne peut être transformé en prison.
Afin de garantir qu’un minimum d’assurances de sureté, de bien-être et de vie privée seront fournies aux résidents d’Achraf, nous pensons qu’un protocole opérationnel doit se développer par le dialogue entre toutes les parties concernées, y compris les représentants du camp d’Achraf et le gouvernement irakien.
Dans cette optique, nous les soussignés, non seulement nous nous réjouissons de la proposition de Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, de rencontrer directement les autorités irakiennes, mais aussi d’annoncer que nous sommes prêts à nous rendre en Irak pour agir comme observateurs impartiaux de la première phase du transfert des habitants d’Achraf à Liberty.
En tant que citoyens américains, nous nous sentons obligés de faire ce voyage pour deux raisons. D’abord parce que les USA ont signé un accord avec chaque individu du camp d’Achraf assurant leur sécurité, leur protection et leur bien-être. C’est pourquoi les USA assument l’ultime responsabilité à cet effet. Ensuite, en décembre 2008, le gouvernement irakien a donné des assurances écrites au gouvernement américain de traiter les habitants du camp d’Achraf avec humanité et selon le droit international. Nous pensons que notre présence pour le transfert et la réinstallation du premier groupe d’habitants du camp d’Achraf est un pas essentiel pour commencer à remplir les engagements des Etats-Unis.
»

Mais aucun de ces efforts n’a porté ses fruits. Ni le gouvernement irakien ni Kobler ne les ont pris au sérieux. Le but de Martin Kobler était de fermer Achraf à n’importe quel prix.

9- Le 15 janvier 12012, le représentant des habitants a écrit au HCR, que contrairement aux premières explications de Martin Kobler, la situation à Liberty ne permet en aucune façon l’installation des Achrafiens. Il ajoutait : « Cependant, ce qui nous préoccupe davantage c’est le fait que le gouvernement irakien veuille obtenir un certificat du représentant du HCR en Irak comme quoi le camp répond aux normes du HCR. Ce camp est grandement en-dessous des conditions actuelles du camp d’Achraf dans tous les domaines et c’est pourquoi ce transfert sera tout à fait considéré comme forcé et une violation flagrante des normes du HCR. »

10- Mme Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, écrivait le 16 janvier 2012 au Haut commissaire des droits de l’homme : « Le représentant spécial du Secrétaire général pour l’Irak, l’ambassadeur Kobler, nous a informé que c’est le HCR qui est chargé de certifier que le camp Liberty répond aux normes que l’on attend du HCR. Tout indique que le gouvernement irakien, à la demande du régime iranien, a l’intention de faire du camp Liberty une prison en élevant de hauts murs de béton tout autour et en réduisant la superficie à 0,6 km carré. Ce n’est pas acceptable pour les résidents. J’espère que le HCR s’y opposera et prendra les mesures nécessaires pour empêcher de transformer le camp Liberty en une prison. »

11- Le 4 janvier 2012, le représentant des habitants pose dans une lettre au Représentant spécial 21 questions sur les conditions à Liberty et lui demande d’y répondre. Comme d’habitude il ne reçoit aucune réponse claire. Les réponses à la plupart des questions se trouvent en fait dans le document du 19 janvier et il est manifeste que Kobler a dissimulé intentionnellement la vérité aux habitants.

12- Après trois et demi passé à protester contre les agissements de Martin Kobler, M. Taher Boumedra, conseiller du représentant spécial pour Achraf, a sonné sa démission au mois de mai 2012. Dans sa déposition au Congrès américain le 13 septembre il a déclaré : « Quand l’Irak a décidé de transférer les exilés dans un nouveau site au camp Liberty en décembre 2011, j’ai fait plusieurs visites pour inspecter le camp Liberty et j’ai rapporté qu’il ne convenait pas pour loger 3400 hommes et femmes. Le Représentant spécial du Secrétaire général (RSSG) a visité le camp Liberty et a vu la réalité. Cependant quand le Bureau du Haut commissaire pour les réfugiés de l’ONU (HCR) a embauché un consultant pour évaluer les conditions au camp Liberty, le RSSG a fait pression sur lui pour qu’il certifie que le camp répondait à toutes les normes humanitaires requises, ce que nous savions loin de la vérité. Quand le consultant a refusé, le RSSG a publié un rapport qui a induit en erreur la communauté international et les exilés en leur faisant croire que les normes étaient respectées pour que le processus du transfert puisse commencer. »

13- Lors de cette audition il a ajouté : « L’exercice le plus immoral à mes yeux c’est que le personnel de la MANUI a reçu l’ordre de prendre des photos sélectives du camp Liberty. Les moins offensantes ont été classées et envoyées aux représentants des exilés à Paris avec le message que le nouveau site mesurerait 30 km carrés, réduit à 2,5 km carrés. Sur cette base, les exilés ont consenti à partir d’Achraf. En réalité, le site au camp Liberty attribué aux habitants d’Achraf mesure 0,6 km carré. Il est entouré de murs en bétons (T-walls) de 3 à 4 m de haut. Cela me rappelait un camp de concentration dans lequel j’ai vécu enfant durant la guerre de libération d’Algérie. »

14- Dans une audition au parlement britannique, M. Boumedra déclarait le 11 décembre 2012 : « Nous sommes des employés des Nations Unies et la plupart d’entre nous essaient de conserver leur emploi. Ils ne sont pas là pour défendre les droits de l’homme, nous sommes là pour défendre notre emploi ! Donc, avant de faire quoi que ce soit, je dois m’assurer que mon rapport plaira au RSSG.  Et quel que soit le rapport que je rédige, je sais que le rapport sera réécrit par ce que nous appelons la réception du RSSG (…) aussi tout ce que je consignerai dans mon rapport n’atteindra jamais New York, car le bureau du RSSG retouchera l’ensemble et le mettra de la manière qu’il doit être parce que nous sommes là-bas pour rapporter et satisfaire tout le monde. Quand Al-Maliki est heureux, le secrétaire général est heureux. » Il a souligné qu’il était prêt à témoigner devant la justice et à prouver ces points.

15 – Dans une lettre datée du 8 janvier 2012 décrivant les conditions à Liberty, Struan Stevenson, président de la délégation du Parlement européen des relations avec l’Irak, écrit au Haut commissaire pour les réfugiés : « Dans ces circonstances, avec le HCR, vous portez personnellement une très lourde responsabilité pour garantir qu’il n’y aura pas de transfert des demandeurs d’asile d’Achraf au camp Liberty, tant que tous les points susmentionnés n’auront pas été rectifiés et que le camp ne répondra pas aux normes acceptables sur le plan international, approuvées par les représentants des habitants d’Achraf et le HCR. Par conséquent, je vous demande de garantir que les autorités du HCR s’abstiennent d’approuver ce lieu sans s’assurer d’abord que les conditions suivantes soient remplies :
a. Le mandat du HCR comprend d’améliorer les conditions des réfugiés et des demandeurs d’asile ; en tant que tel, le HCR doit être convaincu que Liberty possède au moins les mêmes normes qu’Achraf. Emmener les habitants d’Achraf dans un endroit de plusieurs fois inférieur à Achraf est une claire violation des normes du Haut commissariat.
b. Le HCR doit garantir que le gouvernement irakien transforme pas dans la pratique Liberty en prison pour les habitants d’Achraf en, par exemple, édifiant des murs comme en prison tout autour du camp.
c. La zone de Liberty allouée aux habitants n’est en aucun cas acceptable. La superficie d’Achraf est de 36 km carrés et donc le nouveau lieu doit être au moins de plusieurs kilomètres carrés pour fournir un minimum « de fenêtre d’oxygène » aux habitants.
d. Comme tout autre camp de réfugiés, le HCR doit assurer un minimum de liberté de mouvement aux résidents pour quitter le camp Liberty afin de se rendre chez le médecin, d’aller dans des parcs, de faire des pèlerinages religieux, d’aller au cinéma ou dans d’autres lieux publics.
e. Le HCR doit assurer la liberté du droit de visite des avocats, de la famille et des militants des droits humains au camp Liberty.
f. Le HCR doit garantir que les habitants peuvent emporter tous leurs biens meubles, y compris leurs véhicules, à Liberty. 
g. Le HCR doit s’assurer que les habitants peuvent vendre leurs biens immeubles et en recevoir les fonds.
h. Le HCR doit s’assurer que le camp Liberty a suffisamment accès à l’eau, à l’eau potable, à l’électricité, à des installations d’égouts et que les services sanitaires (douches et wc) fonctionnent.
i. Le HCR doit assurer l’existence d’une infrastructure suffisante dans le camp, y compris des réfectoires, des salles communes et des salles de sport.
»

Un an plus tard, aucun des points mentionnés n’a été rempli.

16- A nouveau dans une lettre du 16 janvier, M. Stevenson écrit au haut commissaire pour les réfugiés : « La situation des habitants d’Achraf ne doit pas être comparés à celle de réfugiés ordinaires qui viennent juste de fuir leur pays. Ces habitants ont vécu à Achraf pendant 26 ans
et en moyenne, chacun possède des biens meubles et immeubles valant des centaines de milliers de dollars qu’ils ont accumulé par leur travail sur plus d’un quart de siècle. La portion de Liberty allouée aux habitants est de moins de 0,5 km carré sans espace vert, sans aucun centre de réunion, sans terrain de sport, bâtiment, bibliothèque, mosquée, parc, lac artificiel ou d’autres installations qui existent à Achraf. Garder une personne dans un endroit pareil reviendrait à un emprisonnement dans un bagne. Dans ce cas, un transfert volontaire serait le terme utilisé le plus absurde. Je vous demande de ne pas autoriser que la réputation du HCR soit entachée par ce transfert forcé.
Les questions sur le camp Liberty adressées par les habitants d’Achraf à Martin Kobler sont logiques et justifiée. Je vous en envoie une copie. Je crois qu’avant toute confirmation, il faut se pencher et répondre à ces points spécifiques.
»