De Vk Jolly
The Orange County Register Nasser Sharif sait comment se débarrasser du régime clérical de son Iran natal : laisser un groupe actuellement sur la liste terroriste des Etats-Unis sen charger, par la force si nécessaire.
Alors que les Etats-Unis et lIran sont opposés dans le conflit autour des ambitions nucléaires de Téhéran, Sharif, co-propriétaire dun salon de beauté à Corona del Mar en Californie, frappe aux portes de ses députés.
Il est à la recherche de partenaires pour ce quil considère comme un futur Iran démocratique en promouvant les Moudjahidine du peuple en tant que véhicule de cette liberté gagnée.
Chaque fois quil en a loccasion, Sharif déclare son soutien pour le groupe de guérilla dont les membres sont actuellement sous protection américaine A la Cité dAchraf, au nord de Bagdad. Il juge que ce groupe constitue la principale alternative évidente aux mollahs à la tête de lIran.
« Nous pensons que cest notre seul espoir de renverser le gouvernement iranien », dit-il.
Sharif, 44 ans, sest rendue avec sa femme et des centaines dautres à Lafayette Park à Washington et devant le Federal Building de Los Angeles. Il a manifesté contre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad devant le bureau des Nations Unies.
Lui et dautres partisans de ce groupe, connu sous le nom de OMPI, ont lancé une campagne ici et à létranger afin de gagner de nouveaux alliés. Et malgré son statut de terroriste, un groupe de pression bien organisé affilié à lOMPI est parvenu à attirer lattention de certaines personnes au Congrès.
Le groupe, qui sest allié à Saddam Hussein pendant la guerre entre lIran et lIrak, veut que son nom soit retiré de la liste des organisations terroristes étrangères du département dEtat. Mais tout le monde nest pas daccord sur le fait que ces Combattants du Peuple détiennent la clé dun changement de régime, ou même quils seraient mieux que le gouvernement actuel.
« Les gens ne veulent pas choisir entre un gouvernement en Iran quils naiment pas et une organisation terroriste quils détestent », a expliqué Trita Parsi, présidente du Conseil national iranien américain, organisation à but non lucratif basée à Washington, dont lobjectif est de promouvoir la participation dans la vie civique. « En fin de compte, un terroriste est un terroriste. »
Mais avec le durcissement de la rhétorique face à la progression de lIran vers le développement nucléaire, les partisans avancent que lennemi dun ennemi peut être utile, même sil nest pas exactement un ami. Le groupe, disent-ils, est en faveur délections libres en Iran depuis des années et déposerait ses armes et participerait au processus politique si cela devait arriver.
Les partisans disent aussi que lOMPI était le premier à tirer la sonnette dalarme à propos des projets nucléaires de lIran, dont lexistence dune usine denrichissement duranium à Natanz en 2002. Les critiques cependant émettent des doutes à ce sujet.
Le département dEtat américain a déclaré ceci à propos du groupe :
« Pendant les années 1970, le MEK a tué des soldats et des civils américains travaillant sur des projets de défense à Téhéran et ont soutenu la prise de lambassade des Etats-Unis en 1979 à Téhéran. »
Depuis, leurs actions sont dirigées contre le régime iranien et ses installations sur toute la planète.
Dans une lettre datée du 6 janvier à la secrétaire dEtat Condoleezza Rice, le député républicain Tom Tancredo du Colorado, ainsi que Brad Sherman, démocrate de Sherman Oaks, lui ont demandé comment faire disparaître le nom de lOMPI de la liste des terroristes.
« Que les allégations dactivités antiaméricaines passées soient exactes ou non, lOMPI nest pas Al Qaïda, selon nous, et ne constitue pas non plus une menace similaire pour la sécurité nationale américaine », ont écrit les députés.
Ils ne sont pas allés jusquà demander à Rice de retirer le statut de terroriste du groupe, qui date dune initiative fâcheuse de ladministration Clinton dapaisement du régime iranien en 1997.
Interviewé par téléphone, Tancredo a déclaré que le fait que lOMPI contrôle ou non les rênes du pouvoir en Iran nétait pas son problème.
« On doit chercher des alliés et des amis partout où lon peut, et on a ici un groupe de gens qui savent comment sy prendre et qui veulent renverser le régime », a-t-il dit.
Le fait que les membres de ce groupe soient sous garde américaine à la Cité dAchraf est « on ne peut plus bizarre », selon Tancredo.
« Je ne peux lexpliquer si ce nest par le fait quil existe un accord général entre larmée et le département dEtat sur le fait que la raison pour laquelle ils apparaissent sur la liste terroriste na rien à voir avec la menace potentielle quils représentent pour les Etats-Unis », a-t-il dit.
Le porte-parole du département de la Défense a affirmé que les 3400 membres du camp dAchraf avaient le statut de « personnes protégées » en vertu de larticle 27 de la quatrième Convention de Genève depuis 2004.
« Ils ont totalement coopéré et se sont volontairement désarmés », a rappelé le lieutenant colonel Barry Venable.
Le département dEtat na pas répondu aux questions concernant le projet de retirer lOMPI de la liste de la terreur ou ce que deviendraient les habitants de la Cité dAchraf. Nous navons eu aucune réponse à un appel téléphonique passé à la mission iranienne aux Nations Unies.
Certains expatriés dOrange County qualifient les membres de lOMPI de « mollahs à cravates ».
Les origines du groupe remontent aux années 1960. Décrits par les diplomates comme étant un mélange de marxisme et dIslam, lorganisation a été expulsée dIran après la révolution islamique de 1979.
Soutenu par lennemi des ayatollahs, Hussein, le leader du groupe Massoud Radjavi, a formé un conseil à Téhéran. Le quartier général du conseil a été transféré plus tard en France, où Radjavi était exilé.
Selon le site Internet de laile politique de lOMPI, le Conseil national de la Résistance iranienne, Radjavi est le président du conseil et sa femme, Maryam, a été élue en 1993 présidente de la République. Alors quelle est toujours en France, le lieu où se trouve son mari (qui a été expulsé du pays) est inconnu.
Le groupe a été décrit par certains comme une secte, allégation niée par ses partisans. Le New York Times a rapporté que « certains détracteurs disent que les Radjavi font un lavage de cerveau à leurs fidèles, les forcent à abandonner leurs conjoints et enfants et emprisonnent ou tuent ceux qui leur résistent ».
Ce qui rend les Moudjahidine difficilement déchiffrables, cest le fait que le groupe présente au moins deux facettes, daprès le Times. « Lune mène une opération très disciplinée depuis lintérieur de lIrak avec sa propre armée, son code vestimentaire, calendrier, rituels, presse typographique, camps dentraînement militaire, cliniques et ce quil appelle camps de rééducation ».
« Lautre, daprès le Times, a des bureaux dans les capitales du monde entier sous laile politique du groupe représentée par des personnes sophistiquées et multilingues en costumes-cravates. »
Le statut de lOMPI pourrait reposer sur le résultat dune lutte entre le département dEtat et le Pentagone, a déclaré lexpert régional Juan Cole.
« LOMPI a des partisans puissants, comprenant des néo conservateurs, au Pentagone et ces derniers luttent contre le Département dEtat pour retirer létiquette dorganisation terroriste de lOMPI », selon Cole, professeur dhistoire du Moyen-Orient à lUniversité du Michigan, en réponse à nos question envoyées par e-mail.
Cole ne pense pas que le groupe soit une alternative viable aux leaders religieux et affirme quune alliance américaine avec celui-ci ne ferait qualiéner les Iraniens qui abhorrent ses membres et les considèrent comme des traîtres.
« LOMPI est détesté à lintérieur de lIran », a-t-il dit. « Ils se sont basés dans un Irak baathiste et font exploser les choses à lintérieur de lIran. Ils nont aucun soutien populaire. »
Concernant les allégations des partisans du groupe selon lesquelles ils ont fourni aux USA des informations crédibles à propos de la capacité nucléaire de lIran, Cole a répondu : « LOMPI a certainement fait un énorme battage autour du programme nucléaire iranien auprès du Pentagone, jouant un rôle similaire à celui dAhmad Chalabi et de ses mensonges à propos de lIrak ».
Chalabi, ancien leader exilé, a été accusé davoir disséminé des informations non fondées sur la présence darmes de destruction massive dans les mois qui ont précédé linvasion menée par les Etats-Unis en 2003.
La communauté iranienne locale connaît des hauts et des bas depuis janvier 2002, lorsque le président Bush a caractérisé lIran dun des trois pays de l « axe du mal », aux côtés de la Corée du Nord et de lIrak.
Peu sont en faveur dune frappe militaire américaine contre lIran, pensant quil vaut mieux soutenir un mouvement démocratique à la place. Tandis que certains restent ambivalents sur le rôle de lOMPI, la plupart ne le sont pas.
« Ils ont commis des actes terroriste en Iran qui ont tué un grand nombre de gens, et je nai aucune sympathie quelle quelle soit pour ce groupe », a déclaré Ali Farahani, 40 ans, originaire de Téhéran, et habitant à Irvine, représentant commercial pour une société de distribution.
Les partisans du groupe avancent quils visaient les installations militaires et les dirigeants, non les civils.
Le groupe a conclu une trêve avec Hussein car il sentait que la guerre contre lIran nétait dans lintérêt daucun pays, daprès Sharif. Et parce que le régime iranien considère lOMPI comme une menace, ses membres sont exécutés dans le pays aujourdhui encore, a-t-il ajouté.
Mike Vali, qui est arrivé la première fois aux Etats-Unis en 1978 pour ses études, dit quil connaît la terreur que le régime inflige aux activistes de la démocratie.
Le régime a tué 10 de ses proches, dit-il. Mais lenlèvement de son cousin de 15 ans qui distribuait des prospectus pour promouvoir la démocratie, reste gravé dans la mémoire de Vali.
Son cousin, dit-il, était en train de dormir lorsque des membres des Gardiens de la Révolution dIran lont enveloppé dans une couverture au beau milieu de la nuit à Téhéran. Il a été plus tard fusillé, selon Vali.
Vali na pas voulu donner le nom de son cousin car il craint pour la sécurité de ses proches. Nous navons pas pu vérifier de manière indépendante lexactitude des informations fournies par Vali.
Vali et Sharif disent que lOMPI est soutenu par les exilés, ainsi que par beaucoup de personnes en Iran. Et ils ont ajouté que les mollahs étaient activement engagés dans la diabolisation de ce groupe.
« Les allégations sur le fait que (lOMPI) soutient les ennemis ne sont que des mensonges » inventés par les services de renseignement iraniens, accuse Vali, 44 ans.
Même dans un climat post-11 septembre, Sharif ne pense pas que vendre un groupe paraissant sur la liste terroriste américaine soit une tâche difficile. Après tout, le monde est conscient maintenant que la menace provenant des extrémistes islamiques est réelle.
A loccasion dune interview récente au Register, il est venu armé de plusieurs références Internet, rapports de pays européens et dun document dune conférence nationale à Washington, soutenant lOMPI.
Selon la ligne de lOMPI : la guerre nest pas la réponse pour stopper les mollahs, ni la politique dapaisement. LIran na pas besoin dêtre une puissance nucléaire. Les Iraniens peuvent reprendre le contrôle de leur pays avec laide de groupes de résistance.
« Si vous retirez lOMPI de la liste (du terrorisme) en tant que principal groupe dopposition, vous redonnez espoir aux gens », a-t-il dit.
Sharif est un partisan de loMPI depuis quil a quitté le lycée à Téhéran.
Trois de ses amis ont été arrêtés pour des activités pro démocratiques, a-t-il rapporté.
De peur dêtre lui aussi poursuivi en justice, Sharif a fui en Turquie au début des années 1980. Plus tard, il a obtenu lasile politique en Allemagne, puis en 1990, a déménagé aux Etats-Unis.
« Je travaille, je pense à lIran. Je vais dormir, je pense à lIran », dit Sharif. « Tout ce qui mest possible de faire pour obtenir un Iran démocratique, je le fais. Je ne peux pas oublier mes compatriotes. »