
Le 25 octobre 2025, une vague de protestations en Iran a révélé l’état explosif d’une société poussée à bout. L’ampleur des manifestations – touchant les services publics essentiels, les industries vitales, l’agriculture et même l’économie numérique – dresse un portrait accablant d’une théocratie au pouvoir qui a failli à son peuple sur tous les fronts. Il ne s’agit pas de griefs isolés, mais de symptômes interconnectés d’un système gangrené par la corruption.
Le cri des travailleurs essentiels : « Nos paniers sont vides ! »
Ceux qui constituent l’épine dorsale de la société sont désormais à la tête de la contestation contre les échecs du régime. Dans la ville de Fasa, le personnel médical d’urgence, ceux-là mêmes qui sauvent des vies quotidiennement, se sont rassemblés pour protester contre leurs salaires dérisoires et versés avec retard. Leurs slogans allaient droit au cœur de la crise : « Nos paniers sont vides ! Fonctionnaire incompétent, démissionne ! » Ce cri est plus qu’une simple revendication salariale ; c’est un verdict politique sur un système illégitime.
October 25—Fasa, southern Iran
Emergency medical staff rallied to protest poverty wages and unbearable living conditions, denouncing government incompetence.
They chanted: “Incompetent officials, resign, resign!” and “Enough with promises—our tables are empty!”#IranProtests pic.twitter.com/E4Cx1yQTKN— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 25 octobre 2025
Parallèlement, à Mashhad, des boulangers ont manifesté devant le bureau du gouverneur provincial après avoir travaillé pendant 100 jours sans recevoir les subventions promises par le gouvernement. Sur une banderole, ils s’adressaient directement au public et dénonçaient la tromperie du régime : « Vous qui regardez des reportages unilatéraux à la télévision sur les prétendues violations des boulangers, sachez que le gouvernement nous a dit de ne pas percevoir 40 % du prix du pain et a promis de nous le verser, mais depuis fin juin, ils n’ont pas versé un seul toman. »
Leur protestation, insistaient-ils, ne visait pas à augmenter le prix du pain, mais à exiger leur dû, avertissant que la source de nourriture la plus élémentaire de la population est désormais menacée par la mauvaise gestion gouvernementale. À Ahvaz, les employés de la compagnie de distribution d’électricité ont également cessé le travail, protestant contre des salaires rendus insignifiants par l’hyperinflation.
October 25—Mashhad, northeast Iran
Bakery workers rallied outside the governor’s office, protesting 100 days of unpaid wages and government neglect.
They chanted, “Fellow citizens, support us!”#IranProtests pic.twitter.com/J96vQiBSBH— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 25 octobre 2025
La corruption paralyse le moteur économique de l’Iran
Les industries clés de l’Iran sont systématiquement démantelées par la corruption. Au complexe sucrier de Haft Tappeh, les travailleurs ont entamé leur quatrième jour de grève pour protester contre un cas flagrant de corruption. Pour chaque repas de travailleur, l’entreprise verse 450 000 tomans à un sous-traitant, alors que la nourriture fournie ne vaut que 60 000 tomans. Il ne s’agit pas de mauvaise gestion, mais de vol organisé.
October 25—Shush, southwest Iran
Workers of the Haft Tappeh Sugarcane Company continued their strike for 14th consecutive day, protesting massive corruption and embezzlement of funds meant for workers’ meals.
“They take 450,000 tomans, give us only 60,000!” workers said.… pic.twitter.com/i7JT6ICuyW— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 25 octobre 2025
Ce système de favoritisme a également été au centre des manifestations à l’usine pétrochimique d’Ilam. Les travailleurs se sont mis en grève, furieux d’apprendre que « Kahroba Tavan », un sous-traitant connu pour ne pas avoir payé leurs salaires par le passé, avait inexplicablement remporté le nouveau contrat de maintenance. « Comment une entreprise qui ne nous a pas payés peut-elle remporter à nouveau l’appel d’offres ? C’est de la corruption manifeste ! » s’est exclamé un travailleur. Une scène similaire s’est déroulée à la compagnie minière Goharzamin à Sirjan, où les travailleurs ont fait grève pour protester contre le non-paiement des primes et les conditions de travail dangereuses, dénonçant les « promesses creuses » de la direction.
La trahison des producteurs et de la classe moyenne
Les échecs du régime se sont désormais étendus bien au-delà du secteur industriel, poussant les producteurs et la classe moyenne dans la rue. Dans la province de Khorasan Razavi, des éleveurs de volailles se sont rassemblés pour protester après avoir été contraints d’abattre leurs propres poulets. Ils avaient payé le gouvernement pour des aliments pour animaux qui n’ont jamais été livrés, laissant leurs entrepôts vides et leurs moyens de subsistance détruits.
La crise de la responsabilité a également touché les consommateurs. À Téhéran, des acheteurs de plusieurs marques de voitures ont annoncé une manifestation, dénonçant des défauts systémiques dans leurs véhicules et le refus catégorique des entreprises de prendre en compte leurs plaintes. Signe révélateur de la situation, même ceux qui s’étaient réfugiés dans l’économie numérique ont été victimes de cette situation. Des utilisateurs mécontents de la plateforme d’échange de cryptomonnaies Excoino, qui se présentait comme détenant une licence officielle du gouvernement, se sont rassemblés devant son siège après avoir été empêchés de retirer leurs propres fonds depuis juillet. « Nous avons fait confiance à une plateforme avec une licence officielle, et maintenant ils ne nous rendent pas notre argent et ne nous donnent aucune explication ! » a déclaré un manifestant.
October 25—Mashhad, northeast Iran
Poultry farmers of Khorasan Razavi protested the lack of animal feed and feed supply corruption. Many were forced to destroy part of their flocks.
They said: “They took our money but delivered nothing—warehouses are empty, no one is… pic.twitter.com/Exfxi2WluS— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 25 octobre 2025
Les étudiants rejettent l’indignité
La jeunesse iranienne refuse également de rester silencieuse. Dans un acte de défi retentissant, des étudiants de l’Université des sciences médicales d’Iranshahr ont jeté leurs repas immangeables de la cafétéria à la poubelle. Leur protestation visait non seulement les repas contaminés qui ont provoqué des intoxications, mais aussi les conditions oppressives et inhumaines de leurs dortoirs, notamment l’installation récente de caméras de surveillance dans les couloirs. Leur action symbolise le rejet par toute une génération d’un système qui ne leur offre ni dignité ni avenir.
Les événements du 25 octobre ne sont pas une simple série de revendications économiques isolées ; ils constituent une condamnation nationale d’un régime corrompu et illégitime. Lorsque médecins, boulangers, mineurs, agriculteurs, étudiants et investisseurs descendent simultanément dans la rue avec des revendications fondamentales, cette situation témoigne d’une profonde rupture sociale. Le régime n’a plus aucune base sociale sur laquelle s’appuyer. Ses piliers fondamentaux que sont la corruption, la répression et l’incompétence ont aliéné tous les segments de la population iranienne.

