jeudi, mars 28, 2024
AccueilCommuniqués CNRICommuniqués CNRI: Présidente élueMaryam Radjavi : pas de choix réel pour les « Élections »...

Maryam Radjavi : pas de choix réel pour les « Élections » en Iran

Maryam Radjavi : pas de choix réel pour les « Élections » en Iran

Mme Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, a écrit dans Forbes que les gouvernements occidentaux devraient respecter la volonté du peuple iranien et de la Résistance iranienne d’instaurer une véritable démocratie et la souveraineté populaire en Iran.

Ce qui suit est le texte intégral de l’article de Mme Radjavi, datant du 26 février 2016 :

Forbes

ARTICLE ÉCRIT PAR Maryam Radjavi
Cette semaine, l’Iran organisera deux « élections » simultanées pour le Majlis (parlement) et l’autre pour l’Assemblée des Experts, dont le mandat théorique est de choisir le Guide suprême. Pour ceux qui vivent et votent dans les démocraties, l’ironie de ces actes parallèles est évidente : ils prennent place dans un système théocratique dont le principe de base est la règle cléricale absolue (Velayat-e-faqih).

Les élections démocratiques, où les gens se voient accorder un véritable choix pour élire leurs dirigeants, sont inexistantes dans l’Iran d’aujourd’hui ; la véritable opposition n’a pas de voix politique. Ce qui existe actuellement est une lutte de pouvoir étranglée par un simulacre d’élections dont l’issue est façonnée, non par le vote populaire, mais par l’équilibre interne du régime au pouvoir.

Tous les candidats du régime sont tenus par la loi de présenter tout leur « cœur et l’allégeance pratique » à la domination cléricale absolue comme condition préalable à leur candidature. Mais dans ce contexte, les fidèles auront leur qualification examinée par le Conseil des gardiens, dont six clercs sont nommés par le Guide suprême, tandis que les six juristes restants sont nommés par le chef du pouvoir judiciaire qui est lui-même choisi par le Guide suprême.

Le Guide suprême du régime Ali Khamenei a également formé un comité spécial composé de son propre chef de cabinet, le commandant des gardiens de la révolution islamique (Pasdaran), le commandant de Pasdaran à Téhéran et le secrétaire du Conseil des gardiens. Ce comité du pouvoir suprême l’emporte sur celui du Conseil des gardiens. Sa mission consiste à purger, ou au moins considérablement miner les factions rivales des élections, préservant ainsi le pouvoir de Khamenei.

Un choix pour Khamenei

Mais cette année, Khamenei est confronté à un choix difficile : S’il décide d’accorder une plus grande part aux factions rivales, il approfondirait le gouffre aux plus hauts échelons de l’élite dirigeante, compromettant ainsi sa propre hégémonie, affaiblissant le régime dans son ensemble, et ouvrant la voie à des soulèvements comme un tsunami. Si, d’autre part, il décide de purger les factions rivales, il aggraverait les tensions internes, isolant ainsi encore plus le régime social, tout en mettant en péril les avantages politiques et économiques de l’accord sur le nucléaire. En un mot, le régime deviendra encore plus vulnérable.

Il y a des indications croissantes que Khamenei a choisi la deuxième option. Le Conseil des gardiens a disqualifié la majeure partie des candidats affiliés à l’ancien président Ali Akbar Hashemi Rafsanjani et son protégé Hassan Rohani. Même un certain nombre de membres siégeant au parlement ainsi que d’autres personnalités ont été exclues.

En recourant à ce qui équivaut à un massacre politique et la marginalisation des fonctionnaires qui ont servi la théocratie pendant plus de trois décennies, Khamenei cherche à s’acheter plus de temps. Dans le même temps, las de son propre destin, Rohani a opté pour le silence. Il n’a ni la volonté ni la capacité d’engager des réformes. Sa priorité est de garder sa propre position et de préserver le régime dans son ensemble.

Le jugement prédominant en Occident reposait sur l’espoir que l’accord sur le nucléaire de l’an dernier générerait un changement de comportement dans la théocratie en Iran, déclenchant des réformes internes tout en renforçant soi-disant modérés dans les élections après la levée des sanctions internationales.

L’Occident a été victime d’un prestidigitateur amateur de poignées de main

Mais les paris sur une pouvoir religeux apportant une modération illusoire par un simulacre d’élections sont une pure absurdité. L’Occident a été victime d’un prestidigitateur amateur de poignées de main. Qui sont les soi-disant modérés, même s’ils parviennent à sortir de la boîte de scrutin, après tout ? À titre d’exemples, un d’eux est l’actuel ministre des Renseignements et deux autres sont d’anciens ministres des Renseignements, qui ont tous joué un rôle clé dans le massacre et l’exécution de milliers d’Iraniens et dans l’exportation du terrorisme.

La dualité d’un régime qui détient des « élections » et trouve son pouvoir dans les violations des droits de l’Homme et une direction suprême non vérifiée va à l’encontre des principes et des progrès démocratiques. Et l’Occident n’a pas réussi à saisir que le régime a finalement pris un peu de recul en raison de son besoin vital de la levée des sanctions plutôt que le désir de changer son comportement. En effet, si l’opposition des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) n’avait pas exposé le programme d’armement nucléaire de Téhéran, un scénario semblable à celui de la Corée du Nord n’aurait-il pas eu lieu en Iran, mais à une échelle beaucoup plus dangereuse ? L’incapacité à comprendre cette réalité a empêché le démantèlement complet de ce programme.

Un point d’évaluation réaliste pour paralyser les crises avec lesquelles le régime est aux prises ; la menace toujours imminente de soulèvements sociaux rallumés par une population profondément inquiète et le ralentissement économique tenace est les blocs de construction de ces crises. En tant que tel, faire des affaires avec Téhéran fournira la nourriture financière aux gardiens de la révolution et les entreprises qui soutiennent la machine de guerre des mollahs en Syrie tout en remplissant les coffres du Hezbollah et d’autres milices criminelles dans la région.

La théocratie sape la démocratie

Une véritable réforme ne sera possible que par le rejet en bloc de la théocratie.

L’Occident doit respecter la volonté du peuple iranien et de la Résistance iranienne à instaurer une véritable démocratie et la souveraineté populaire. Ils doivent tenir le régime iranien pour responsable de ses exécutions de plus en plus nombreuses et son intensification de la répression intérieure, et de refuser de tolérer l’ingérence régionale du régime.

Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) souhaite l’instauration d’un gouvernement laïc et pluraliste engagé sur l’égalité des sexes et la coexistence pacifique dans la région et dans le monde. Il considère l’urne comme la seule source de légitimité pour tout gouvernement. Mais tant que la théocratie actuelle est au pouvoir, ce rêve durable ne peut pas être réalisé.

Mme Radjavi est la Présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).