samedi, juillet 27, 2024
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Éditorial : Est-ce que les négociations avec les États-Unis profitent ou nuisent au régime iranien ?

Éditorial : Est-ce que les négociations avec les États-Unis profitent ou nuisent au régime iranien ?

L’idée que Téhéran s’asseoit à la table des négociations avec les États-Unis est un sujet de discussion courant dans de nombreux médias iraniens ces derniers jours, et cela est naturellement une source de conflit au sein même du régime.

D’un côté, la faction d’Ali Khamenei, Guide Suprême des mollahs, pointe du doigt Hassan Rohani et ses partisans, les accusant d’être des traîtres qui ne font qu’humilier le pouvoir face aux États-Unis. De l’autre côté, la faction de Rohani condamnent ses rivaux d’avoir peu de compréhension de la politique étrangère et de la diplomatie et d’avoir provoqué les problèmes créés par les sanctions.

Dans un Tweet daté du 4 août, Donald Trump a déclaré que les pressions croissantes des sanctions sur l’économie iranienne pousseront sûrement le régime à céder à son offre de négociation : « L’Iran et son économie se portent très mal et le problème s’aggrave à une grande vitesse ! Je vais les rencontrer, ou peut-être pas, cela n’a pas d’importance – c’est à eux de décider ! »

En Iran, certains médias officiels ont cité le journal koweïtien Al-Jarida, affirmant que Trump a apparemment accepté les « 7 conditions » du régime pour une négociation. La validité de cette information est certainement discutable, car si elle est vraie, pourquoi les États-Unis ou Téhéran ne l’ont-ils pas annoncée eux-mêmes ?

La publication de telles rumeurs semble n’être rien d’autre qu’un effort pour briser le tabou des négociations. Amir-Abdollahian (directeur général parlementaire pour les affaires internationales) rejette la notion de tabou à ce propos, en utilisant des exemples comme l’ancien accord nucléaire avec les États-Unis ou les pourparlers antérieurs de la Force terroriste Qods avec les Américains à Bagdad. Cependant, Amir-Abdollahian ne reconnaît pas le fait que la base d’une éventuelle négociation est très différente cette fois-ci. Ali Motahari, vice-président du Majlis, affirme pour sa part « Cette fois, ce n’est pas le moment de négocier. »

Mousavi Lari, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement de Khatami, souligne que « la négociation a toujours été la meilleure approche pour notre pays » et ajoute : « Mais lorsque l’autre partie n’est pas prête pour une véritable négociation, parler ne serait plus d’aucun avantage pour nous » (Agence de presse Tasnim). Lari fait référence au fait que toute négociation avec les États-Unis ne fera que contraindre le régime à céder.

Néanmoins, certains mollahs de la faction de Rohani tentent de persuader Khamenei de boire ce calice empoisonné de négociation directe avec les États-Unis, en utilisant des références religieuses. Par exemple, un membre de l’Assemblée des experts du régime, Bathaei, a déclaré : « Les Américains ne sont pas pires que Pharaon » et « si Trump dit qu’il veut venir parler avec les autorités de notre République islamique ici à Téhéran, nous devons faire ce que dit le Coran, c’est-à-dire l’accepter et même assurer sa sécurité, parce que les gens comme lui ne nous connaissent pas et sont ignorants ! » (Khabaronline, 3 août 2018).

Mais les intentions cachées de ces soi-disant réformistes est qu’en acceptant une négociation, ils espèrent calmer une partie des troubles provoquées par les soulèvements récents à travers le pays.

Le 4 août, la revue Jahan Sanat a écrit à ce égard : « Dans les circonstances actuelles, il est vital pour le gouvernement d’entamer immédiatement les négociations, même si le résultat n’est pas aussi souhaitable. Car, ce faisant, la réalisation minimale sera de calmer les gens et de les amener à s’engager sur la voie de la démocratie souhaitée avec des têtes plus lucides. »

Que les négociations aient lieu ou non, le régime ne pourra pas survivre trop longtemps ; même dans le meilleur des cas, lorsque les négociations auront lieu, le régime devra faire exactement ce que les États-Unis demandent, qui est notamment de se conformer à un ensemble de règles strictes pour leurs programmes nucléaires et de missiles, et de mettre fin à leurs interférences agressives au Moyen-Orient, dont ils ne peuvent évidemment pas se passer. Les conséquences seront une humiliation ultime pour le régime, comme Khamenei lui-même l’a répété : se retirer de la lutte contre les terroristes (« terme hypocrite qu’il utilise pour s’ingérer ») dans les pays voisins signifie ramener la crise dans les rues de Téhéran.

Par conséquent, le sort du régime est on ne peut plus clair, quelle que soit la voie qu’il emprunte. Plus important encore, les protestations en cours en Iran, qui semblent avoir atteint de nouveaux sommets ces jours-ci, doivent servir à rappeler que la population elle-même est le déterminant final du sort du régime. Par conséquent, le sujet des négociations n’est pas pertinent après tout, car la population tient réellement au renversement du régime.