La lutte de pouvoir interne du régime iranien continue de s’intensifier, révélant les divisions croissantes entre les différentes factions. Le 24 août, Masoud Pezeshkian, le nouveau président du régime, a une fois de plus tenté de démontrer sa loyauté envers le guide suprême Ali Khamenei en emmenant tout son cabinet visiter la tombe de Ruhollah Khomeini, l’ancien guide suprême. Au cours de sa visite, Pezeshkian a mis en garde les factions rivales pour ne pas faire le jeu des « ennemis » : « L’ennemi essaie de diviser la société, et tous ses efforts visent à nous empêcher de nous unir… Nous devons agir pour éviter de tomber dans les pièges de l’ennemi et maintenir l’unité et la cohésion. »
Cependant, les propos tenus par Pezeshkian au parlement sur la formation du cabinet, notamment sa suggestion selon laquelle tous les ministres ont été nommés par Khamenei, ont suscité une vive réaction. Le journal Kayhan a critiqué les commentaires de Pezeshkian, affirmant qu’ils étaient trompeurs et fournissaient des munitions à l’ennemi.
Le journal, dont les lignes éditoriales sont dictées par le bureau de Khamenei, a écrit : « Les déclarations de Pezeshkian selon lesquelles le cabinet était entièrement coordonné avec le dirigeant iranien ont suscité des critiques, car elles ont suggéré pour la première fois que le président reconnaissait ouvertement l’alignement complet du cabinet sur le dirigeant. » Cette affirmation a été utilisée par des médias comme Euronews pour remettre en question l’indépendance de la présidence, en demandant : « Le président est-il simplement un intérimaire ? »
Rejetant la critique de Kayhan, le journal Arman a défendu Pezeshkian, suggérant que la réaction négative de personnalités comme le rédacteur en chef de Kayhan reflète le mécontentement face à l’approbation de tous les ministres proposés du nouveau gouvernement. « L’affirmation de Hossein Shariatmadari reflète son mécontentement face à l’approbation de tous les ministres proposés du 14e gouvernement », a noté Arman.
En outre, de hauts dignitaires religieux du régime et des représentants du Guide suprême ont lancé de sévères avertissements au nouveau président, soulignant la nécessité de suivre les directives de Khamenei.
Ahmad Alamolhoda, représentant du Guide suprême à Mashhad, a lancé un avertissement le 23 août : « Si Dieu le veut, nous espérons que nos proches au sein du gouvernement seront attentifs à ce point et sauront que leur succès dépend d’un principe : ne pas dévier de la direction. Ils devraient examiner les gouvernements passés depuis la victoire de la révolution et tirer des leçons de ceux qui ont dévié de la direction ; ils ont non seulement échoué dans leur gestion, mais sont également devenus détestés par le peuple. »
De même, Majid Pourandokht, un dirigeant de la prière du vendredi à Zabol, a déclaré : « Puisque tous les ministres proposés ont reçu des votes de confiance, à partir de maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement, et le président et les ministres ne peuvent plus dire que nous ne pouvons pas, ou que ce n’est pas possible, ou s’excuser en disant que quelqu’un les a empêchés d’entreprendre des choses. Non, c’est une approbation forte, et votre travail a commencé. Il n’y a pas de place pour des excuses ou des justifications. »
Pendant ce temps, Gholam-Hossein Mohseni-Eje’i, le chef du pouvoir judiciaire, a salué le vote parlementaire, le décrivant comme une réalisation importante, qualifiant l’approbation du cabinet de « grande bénédiction ». Cependant, ses commentaires ont été perçus comme une tentative d’atténuer la controverse entourant l’influence de Khamenei sur les nominations du cabinet.
Malgré ces tentatives de contrôler le récit, le débat sur l’approbation du cabinet se poursuit. Morteza Mahmoudi, membre du parlement, a défendu l’influence du Guide suprême, affirmant que « le cabinet approuvé par le parlement n’est pas le cabinet du Guide. Nous ne devons pas attribuer les faiblesses, les déficiences et les performances futures de ce gouvernement aux consultations du Guide ». Il a critiqué Pezeshkian pour avoir évoqué publiquement l’implication du Leader dans la session parlementaire, déclarant : « Il aurait été préférable que Pezeshkian s’abstienne de mentionner ces consultations lors de la session parlementaire. »
La controverse autour des nominations au cabinet a également suscité des réactions importantes de la part d’autres factions. Le 23 août, Etemad Online a rapporté que le Basij étudiant de l’Université de technologie d’Amirkabir avait publié une déclaration exigeant la dissolution de l’Assemblée consultative islamique. Ils ont fait valoir que « le vote de confiance du Parlement à un candidat qui n’a pas renié son passé anti-étatique, ainsi que les votes pour des options « inefficaces » et « minimales », indiquent un « manque d’indépendance » et une « erreur stratégique ».
Français:Dans ces circonstances, soit dissoudre le parlement, soit en confier la tutelle aux parrains. »
De plus, l’ancien vice-président du parlement Ali Motahari a donné son avis, suggérant que Pezeshkian ne tentait pas de saper le Guide suprême mais plutôt de faire preuve de transparence sur la formation du cabinet. « Ce n’est pas que Pezeshkian a utilisé le Guide à son avantage ; il a plutôt révélé les réalités de la formation du cabinet et a fourni des éclaircissements », a expliqué Motahari.
La faction associée à Khamenei considère les aveux de Pezeshkian sur le rôle décisif du Guide suprême dans la nomination du cabinet comme un coup à la légitimité décroissante du régime. Ils sont profondément préoccupés par le fait que ces révélations pourraient ternir l’autorité de Khamenei alors que le gouvernement est en difficulté et risque d’échouer. Pendant ce temps, la faction opposée se démène pour défendre Pezeshkian, présentant ses commentaires comme une transparence nécessaire plutôt que comme une insubordination. Malgré les tentatives continues de Pezeshkian d’affirmer sa loyauté, ceux qui sont alignés avec Khamenei restent sur leurs gardes, émettant de sévères avertissements et insistant sur le strict respect de leurs directives. Ces luttes intestines intenses et le manque de cohésion entre les factions du régime laissent entrevoir des perspectives sombres pour un gouvernement déjà en proie à des crises internes et confronté à un avenir incertain.