Ali Larijani, conseiller principal du guide suprême iranien Ali Khamenei, s’est récemment rendu en Syrie et au Liban dans un contexte de tensions régionales accrues. Sa mission, présentée comme un geste de soutien aux alliés du régime iranien, a été interprétée comme un effort pour limiter les dégâts après des revers majeurs dans la stratégie régionale du régime clérical.
Les médias d’État, dont ISNA (16 novembre), ont présenté le voyage de Larijani comme une démonstration de « l’engagement de haut niveau » de l’Iran en faveur de la stabilité régionale. L’analyste politique affilié à l’État Morteza Maki a affirmé que le message de Larijani au président syrien Bachar al-Assad et au président du Parlement libanais Nabih Berri rappelait que les décisions de Téhéran reflètent sa plus haute autorité, et pas seulement son gouvernement. Cependant, ce récit semble conçu pour occulter l’influence déclinante de l’Iran dans un contexte de changements géopolitiques au Moyen-Orient.
La visite de Larijani coïncide avec des développements critiques qui remettent en cause l’influence de Téhéran :
Les efforts fragiles du Liban pour un cessez-le-feu : les dirigeants libanais, dont le président du Parlement Nabih Berri, feraient avancer les discussions sur la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle au désarmement du Hezbollah et au retour à la souveraineté de l’État libanais. La perspective de voir le Hezbollah contraint de céder sa présence armée au sud du fleuve Litani menace un pilier essentiel de ce que l’on appelle « l’axe de résistance » de l’Iran.
Leaked document exposes #Iranian regime's financial support for #Syria. What are the implications of Billions of dollars squandered to prop up #Assad's regime?https://t.co/z4Ol9DSoHd
— NCRI-FAC (@iran_policy) 11 juin 2023
La dérive syrienne vers les États arabes : les rapports selon lesquels Bachar al-Assad penche vers des liens plus étroits avec les pays arabes ont suscité des inquiétudes à Téhéran quant à la perte de son ancrage stratégique en Syrie. Les tentatives de l’Iran de réaffirmer son influence par l’intermédiaire de Larijani soulignent ces craintes.
Représailles et escalade israéliennes : la visite de Larijani a coïncidé avec l’intensification des frappes aériennes israéliennes au Liban et en Syrie, visant des personnalités clés du Hezbollah et du Jihad islamique. Ces attaques ont révélé les vulnérabilités du réseau régional de mandataires de l’Iran.
Dans ses remarques publiques, Larijani a affirmé que l’Iran soutenait « la paix et la stabilité » au Liban et en Syrie, prenant ses distances avec Téhéran quant aux accusations d’ingérence. S’adressant aux journalistes, il a insisté : « Nous ne sommes pas ici pour perturber quoi que ce soit ; nous cherchons des solutions. » (Tejarat News, 16 novembre). Pourtant, son insistance sur le soutien conditionnel aux décisions libanaises – « tout ce que les autorités libanaises et la Résistance acceptent, nous le soutenons » – reflète l’inquiétude de l’Iran de perdre son emprise sur l’autonomie politique et militaire du Hezbollah.
Les médias contrôlés par l’État iranien ont cherché à minimiser ces vulnérabilités. Khabar Online (16 novembre) a suggéré que le voyage de Larijani visait à « rassurer les alliés sur le soutien continu de l’Iran. » Cependant, des analystes, dont Ahmad Zeidabadi, estiment que Téhéran est aux prises avec une crise stratégique. L’évolution de la situation au Liban, associée au basculement potentiel d’Assad, pourrait considérablement affaiblir la position régionale de l’Iran, un élément clé de la stratégie de survie du régime.
Alors que l’appareil médiatique de Téhéran tente de se montrer puissant, les fissures dans son influence régionale deviennent de plus en plus difficiles à dissimuler. L’évolution apparente du paysage politique au Moyen-Orient signale un tournant, obligeant les dirigeants iraniens à se démener pour sauver leur influence en déclin.