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Rapport annuel – Les femmes en Iran franchissent les dernières étapes de leur quête de liberté et d’égalité

Par Mansoureh Galestan

La Commission des femmes du Conseil national de la résistance d’Iran (CNRI) a publié son rapport annuel à la veille de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2020. Ce rapport vise à brosser un tableau global de la situation des femmes iraniennes entre mars 2019 et Février 2020.

« Alors que les femmes iraniennes franchissent les dernières étapes de leur quête de liberté et d’égalité, la situation devient de plus en plus polarisée dans le pays », lit-on dans le rapport.

Dans son rapport annuel, le Comité des femmes du CNRI a évoqué diverses questions concernant les Iraniennes, notamment les arrestations arbitraires, 105 exécutions de femmes pendant le mandat du président dit «modéré» Hassan Rohani, les peines cruelles contre les militantes des droits des femmes et la répression brutale contre les manifestations de novembre, causant la mort de 1 500 personnes, dont des centaines de femmes. Le rapport a également mis en lumière les mauvaises conditions de travail des femmes iraniennes et les lois misogynes du régime islamiste.

Au cours des 40 dernières années, les femmes en Iran ont été soumises à la discrimination sexuelle, à la répression et à la violence d’État par une dictature religieuse et misogyne. Mais au fil des années de lutte, des générations de femmes ont pris conscience que l’égalité en Iran ne pourra se réaliser sans le renversement de la dictature et la suppression de toutes ses lois, traditions et cultures discriminatoires.

Elles ont prouvé avec un esprit inébranlable et un courage admirable qu’elles peuvent et doivent se sentir responsables en s’engageant et en se sacrifiant pour la liberté et l’égalité au plus haut niveau. Depuis les années 1980, des milliers de femmes d’avant-garde ont enduré les moments les plus âpres et les tortures les plus cruelles sous le régime des mollahs. Beaucoup d’entre elles y ont perdu la vie. Parmi toutes ces femmes, le nom d’Achraf Radjavi brille comme un symbole des femmes de l’OMPI, inspirant beaucoup d’entre elles dans leur choix de se battre pour la liberté.

Des milliers de femmes des Moudjahidine du peuple (OMPI) sont mortes sous la torture ou exécutées en défendant leurs convictions ; parmi elles, Zohreh Gha’emi, Guiti Guivehchian, Saba Haft-Baradaran et Asiyeh Rakhshani brillent plus que d’autres, pour avoir sacrifié leur vie à la liberté et l’égalité. Aujourd’hui nous sommes témoins d’une nouvelle génération de femmes courageuses en Iran qui, dans des unités de résistance, mènent le combat pour renverser la tyrannie religieuse.

Les femmes ont joué un rôle actif dans le soulèvement de novembre

Les femmes ont joué un rôle actif dans le soulèvement de novembre 2019 qui s’est étendu à 191 villes en quelques jours. À Téhéran, la première nuit des manifestations contre la hausse du prix de l’essence sur l’autoroute Hakim, alors que les gens éteignaient leur moteur et bloquaient les autoroutes, une jeune femme courageuse a lancé « A bas le dictateur ! », entrainant tous les gens qui l’entouraient à reprendre ce slogan. Cette scène s’est répétée à maintes reprises lors du soulèvement de novembre. Les responsables du régime, les gardiens de la révolution et les médias officiels ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant au rôle des jeunes femmes dans le soulèvement. 

Le 20 novembre 2019, le journal d’État Al-Mashregh a écrit : « les femmes ont joué un rôle remarquable pour inciter les gens à commettre des actes de destruction ». L’agence de presse Fars, affiliée aux gardiens de la révolution, a écrit : « Dans les récents bouleversements, le rôle des femmes en tant que meneuses sur le terrain était particulièrement important. Dans de nombreux endroits, en particulier dans la banlieue de Téhéran, les femmes de 30 à 35 ans semblaient avoir un rôle particulier dans la direction des troubles. Ces femmes qui portaient toutes des tenues similaires avaient un rôle spécifique à jouer ; l’une filmait les émeutes, l’autre bloquait la circulation et d’autres incitaient les gens à se joindre aux émeutes. » (Agence de presse Fars – 20 novembre 2019).

Le ministre de l’Intérieur du régime, Abdul Reza Rahmani Fazli, a déclaré que « deux ou trois heures après le crépuscule, nous avons rencontré des cellules de 4 à 6 personnes, généralement accompagnées d’une femme qui incitait les gens à se joindre aux protestations ». En réponse à ces protestations, la dictature religieuse a utilisé les méthodes de répression les plus brutales, allant des tirs à balles réelles, aux chars et aux hélicoptères, en passant par le massacre des personnes qui avaient cherché refuge dans des marais. Cette répression brutale a fait 1500 morts, dont 400 femmes. Selon un récent rapport d’Amnesty International, 23 enfants « sont morts à la suite de l’utilisation illégale de munitions mortelles par les forces de sécurité contre des manifestants et des passants non armés ».

Le ministre de l’Intérieur du régime, Abdul Reza Rahmani Fazli, a déclaré que « deux ou trois heures après le crépuscule
Parmi les victimes figuraient des filles de 3, 8 et 14 ans ainsi que des mères de famille et des femmes de 60 ans et plus. Beaucoup ont été arrêtées et soumises aux tortures les plus sévères et aux conditions les plus inhumaines dans les prisons des mollahs.

Malgré cette répression brutale, moins de deux mois plus tard, en réponse à la destruction d’un avion de ligne ukrainien par deux missiles des gardiens de la révolution qui a tué les 176 passagers, les Iraniens sont à nouveaux descendus dans la rue. Le rôle des femmes dans la conduite de ces manifestations est apparu clairement et a constitué l’un des paramètres les plus décisifs. Le journal Guardian a rapporté : « Un témoin a déclaré, à propos du rôle prépondérant des femmes, que beaucoup de ces manifestations sur la place Azadi de Téhéran dimanche soir étaient dirigées par des femmes. Elles utilisaient des écharpes et des masques pour se couvrir le visage tout en affrontant la police anti-émeute et des officiers en civil ». Ce pour quoi ces femmes sacrifient leur vie peut se résumer en quatre mots : liberté, égalité, démocratie et émancipation. Elles ont pris conscience qu’elles devaient se libérer de la dictature, de la religion obligatoire et du voile obligatoire. Elles croient que pour éradiquer l’inégalité et la répression sexuelles systématiques, ce sont elles qui doivent se lever et se battre.

Les femmes courageuses en Iran ne luttent pas seulement pour leur propre émancipation, mais aussi pour la liberté du peuple iranien. A leurs yeux, les femmes de toutes les origines, religions et classes sociales devraient bénéficier des mêmes droits que les hommes dans tous les domaines économiques, sociaux et politiques. Cette vision claire se concrétisera grâce à la détermination du peuple iranien et de sa résistance sous la direction des femmes iraniennes.

Ainsi, en ce 8 Mars, alors que les femmes du monde entier s’efforcent de parvenir à l’égalité, la « Journée des femmes » en Iran est synonyme de liberté et de démocratie. Elle est ornée des noms de « femmes martyres », qui symbolisent une nouvelle génération d’avant-garde luttant pour l’égalité et la libération de leur pays de la théocratie. Les femmes qui ont prouvé l’ « égalité des générations » dans la pratique et sur les terrains les plus difficiles dans la bataille politique pour le renversement d’une dictature religieuse fondamentaliste, ont obtenu la « direction du soulèvement » pour la liberté.

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