vendredi, mars 29, 2024
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L’Iran sur la sellette au conseil des gouverneurs de l’AIEA

Agence France Presse  – L’Iran devrait se retrouver sur la sellette la semaine prochaine pour son programme nucléaire controversé devant le conseil des 35 gouverneurs représentant les Etats membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), réuni à partir de lundi à Vienne.

Une fois n’est pas coutume, certains diplomates proches de l’agence onusienne ont suggéré de proposer le vote d’une résolution lors de cette réunion pour pousser Téhéran à répondre enfin à toutes les demandes d’informations exigées.

L’adoption d’une résolution est un fait plutôt rare (la dernière a été votée il y a près de deux ans) et marquerait l’impatience croissante de l’AIEA vis-à-vis de la République islamique: "Ce serait un moyen de faire passer notre message d’augmenter la pression sur l’Iran", a souligné un diplomate sous couvert d’anonymat.

Dans son dernier rapport, le directeur général de l’agence, l’Egyptien Mohamed ElBaradei, a estimé que si Téhéran avait effectivement répondu à la plupart des questions sur son programme nucléaire passé, il refuse toujours catégoriquement de répondre aux accusations sur son programme présumé de recherche sur des armes nucléaires.

C’est là "un sujet d’inquiétude sérieuse et un point important pour évaluer une éventuelle dimension militaire du programme nucléaire iranien", selon le rapport.

Toutefois, plusieurs diplomates ont indiqué à la veille de la réunion de Vienne que rien n’avait été décidé à propos d’une possible résolution et les gouverneurs de l’agence devraient sans doute attendre l’évolution des discussions sur l’Iran et son refus de cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium au sein du Conseil de sécurité de l’Onu à New York.

Pour Joe Cirincione, président de la Fondation américaine Ploughshares Fund spécialisée dans les armes nucléaires, le vote d’une résolution par le conseil de l’AIEA "pourrait constituer un pas dans la direction d’un retour du dossier iranien devant l’agence atomique" et que le Conseil de sécurité de l’Onu en serait dessaisi. "Ce serait mieux si le dossier iranien revenait devant l’AIEA et que l’Iran accepte des inspections plus approfondies telles que les réclame le protocole additionnel" du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), a-t-il ajouté.

Téhéran a récemment indiqué qu’il accepterait de souscrire à ce protocole – qui accepte des inspections plus poussées et inopinées des inspecteurs de l’AIEA – à condition que le Conseil de sécurité de l’Onu se démette du dossier au profit de l’AIEA.

Selon Gary Samore, un autre expert américain spécialisé dans les questions de non-prolifération, le rapport de Mohamed ElBaradei a renforcé les défenseurs de l’imposition de sanctions contre l’Iran pour obtenir l’arrêt des opérations d’enrichissement de l’uranium, dont les experts affirment qu’elles peuvent produire des matériaux entrant dans la fabrication d’une bombe nucléaire. Téhéran en revanche affirme que cela sert à des fins civiles, afon de produire du combustible pour une centrale atomique.

Le rapport a souligné que l’Iran non seulement n’avait pas mis fin à ses activités mais qu’il les avait même étendues, en violation flagrante des exigences de l’Onu.

Lors d’une récente réunion d’information au siège de l’AIEA, le directeur adjoint, le Finlandais Olli Heinonen, a présenté une documentation détaillée indiquant que l’Iran poursuivait des études de fabrication d’armements non-conventionnels, ont indiqué des diplomates ayant participé au briefing.

De plus, les documents présentés suggéraient, selon la même source, que l’Iran a poursuivi ses recherches militaires après 2003, alors que des agences de renseignement américaines avaient affirmé en décembre que Téhéran avait cessé ces recherches à cette date.