lundi, juin 23, 2025
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Le régime iranien ébranlé par des divisions internes et des menaces d’escalade nucléaire

Le régime iranien ébranlé par des divisions internes et des menaces d'escalade nucléaire
Conflit au sein du Parlement du régime iranien (Majlis)

L’establishment iranien est en proie à un conflit interne qui s’intensifie, alors que l’économie se détériore et que la dissidence publique s’accroît. Hauts responsables, dignitaires religieux et commandants du CGRI s’affrontent désormais ouvertement au sujet des négociations avec les États-Unis et de l’avenir du programme nucléaire du régime – un conflit révélant à la fois la fragilité interne du régime et ses velléités dangereuses.

Dans un éditorial publié le 10 mars dans le journal d’État Khorasan, Mehdi Fazaeli, proche collaborateur de longue date du Guide suprême du régime, Ali Khamenei, a vivement critiqué les partisans d’une reprise des négociations nucléaires avec les États-Unis, avertissant que « prescrire des négociations est non seulement inutile, mais peut même tuer le patient ». Rejetant les sanctions comme principale cause de l’effondrement économique de l’Iran, Fazaeli a insisté sur le fait que ceux qui croient que « la négociation est le remède aux maladies économiques » promeuvent « la solution la plus inutile, voire la plus néfaste ».

Il a cité les deux cycles de négociations nucléaires – au début des années 2000, puis lors du JCPOA de 2015 – comme autant d’exemples édifiants. « À l’époque, notre ministre des Affaires étrangères s’est promené et a ri à Genève avec le secrétaire d’État américain. Et qu’avons-nous obtenu en retour ? Absolument rien », a écrit Fazaeli, imputant l’échec de l’accord nucléaire non pas à ses défauts pour l’Iran, mais à la conviction de Donald Trump qu’il n’a pas fait suffisamment de concessions.

Parallèlement, l’appareil militaro-sécuritaire du régime se montre de plus en plus explicite dans ses menaces. Le même jour, Ali Shamkhani, ancien secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, a averti sur X (anciennement Twitter) : « La poursuite des menaces étrangères et des pressions militaires pourrait conduire l’Iran à expulser les inspecteurs de l’AIEA et à rompre la coopération. » Son message a été repris par Yadollah Javani, adjoint politique du CGRI, qui a déclaré que si les menaces persistaient, « l’Iran réviserait sa doctrine défensive et la nature de son programme nucléaire. Le sens de cette révision est très clair. »

Il s’agit d’une escalade majeure. Dans leurs sermons et leurs discours parlementaires, de nombreux initiés du régime ont laissé entendre que la prétendue fatwa du Guide suprême contre les armes nucléaires n’était pas immuable. Habibollah Ghafoori, chef de la prière du vendredi à Kermanshah, a déclaré le 4 avril : « Si nos ennemis commettent des actes insensés ou des agressions, la République islamique pourrait officiellement reconsidérer cette fatwa.» Il a affirmé que cette « décision secondaire » serait légitime au regard de la jurisprudence islamique et constituerait « un modèle éprouvé de dissuasion ».

La menace a été renforcée par le député Qaseem Osmani le 6 avril, qui a déclaré : « La seule voie pour faire face à l’arrogance mondiale est une progression rapide et ininterrompue vers la construction de l’arme nucléaire. Notre savoir nucléaire doit désormais servir la dissuasion. »

Ces propos s’inscrivent dans un contexte de conflit plus large entre les différentes factions concernant l’avenir du régime. L’ancien président de la Commission de sécurité nationale du Parlement, Heshmatollah Falahatpisheh, a réagi aux menaces d’assassinat de Trump par Kayhan en écrivant : « Si vous vouliez la guerre, vous iriez au Liban. N’insultez pas l’Iran en associant vos complots insensés à son nom.»

Il a ajouté : « La nation paie le prix du bluff des extrémistes. Un jour, ceux qui profitent des sanctions seront jugés, même si ces procès arrivent tardivement.»

Au milieu de ces affrontements entre élites, des fissures plus profondes apparaissent également au sein de la propagande d’État. Les factions extrémistes affirment que le programme nucléaire du régime est purement pacifique et fondé sur la dignité nationale. Pourtant, elles invoquent simultanément la bombe comme un moyen de « dissuasion » contre les menaces perçues. Le religieux Ghafoori a dénoncé les sceptiques de l’énergie nucléaire comme des « ennemis infiltrés » et a affirmé que « l’Occident veut que les nations soient des esclaves nucléaires sous sa surveillance. »

Même des factions proches des prétendus « réformistes » mettent en garde contre ces contradictions. Le commentateur proche de l’État, Ahmad Zeidabadi, a qualifié la nouvelle rhétorique pro-bombe de « puits, pas de chemin », avertissant que la propre position de l’Irak en matière d’armes de destruction massive a ouvert la voie à son invasion et à sa chute. « Plus nos responsables parlent de changer notre stratégie nucléaire, plus ils facilitent la tâche aux États-Unis et à Israël », a-t-il averti.

Les contradictions sont de plus en plus visibles. Alors que les responsables de Téhéran imputent la responsabilité des difficultés économiques à l’Occident, des voix internes – y compris au Parlement – admettent ouvertement une mauvaise gestion généralisée, une méfiance et une désillusion publique.

Il est clair que le régime, vieux de près d’un demi-siècle, est confronté à des crises simultanées d’effondrement économique, de confusion stratégique et de fragmentation interne. Ses dirigeants débattent désormais ouvertement des tabous qu’ils considéraient autrefois comme sacrés – signe non pas de force, mais d’un système désespéré fonçant vers l’inconnu.