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Nous disons : « vous êtes une espérance » et nous leur disons notre gratitude pour construire avec un courage immense ce monde de demain (Cyntia Fleury)

A l’occasion de la Journée mondiale des femmes, des milliers de défenseurs et militants des droits humains ont participé à une conférence à Paris 10 mars 2012. voici l’intervention, la philosophe Cyntia Fleury   Voir le clip

Bonjour à tous. C’était bien sûr loin d’être une erreur d’entendre ces jeunes filles et c’est un plaisir et une nécessité de voir des jeunes filles se battre pour les droits des femmes.
Alors le démantèlement du camp d’Ashraf bien sûr vous le savez a commencé, et deux premiers groupes de 400 réfugiés ont été transférés dans le camp Liberty. Aujourd’hui, les femmes d’Ashraf et de Liberty représentent un Iran nouveau qu’il faut soutenir, un Iran de la résistance aux Mollahs. Il faut le rappeler, Ashraf c’est l’expérience de 3 décennies de lutte des femmes de la résistance iranienne. Dans son numéro du 19 mars 2005, le journal américain Los Angeles Times avait publié un reportage sur la visite de son correspondant à Ashraf. Je cite : « l’unité 8, qui est entièrement constituée d’hommes est dirigée par une femme Jila Dayhim, ingénieur en chimie.

Certains membres de son unité expliquent qu’il était difficile pour eux d’admettre qu’une femme leur donne des ordres à leurs débuts dans les Moudjahidines. Mais maintenant, « c’est un grand honneur », affirment-ils. Mohamed Malek, un musicien, s’enorgueillit même en disant que le leadership des femmes est un véritable chef-d’œuvre de leur mouvement. En 2005, le général américain David Phillips écrivait lui aussi une lettre à Human Rights Watch : « si l’Irak ne vivait pas le chaos dans lequel il se trouve, je demanderais à mes filles d’aller au camp d’Ashraf pour visiter ces femmes, professionnelles et engagées, membres des Moudjahidines.

Nous l’avons rappelé, le Code pénal iranien prévoit d’enterrer les femmes jusqu’à la taille et de les lapider en cas d’adultère. Les crimes d’honneur continuent de se multiplier. Un homme peut échapper à toute condamnation s’il tue sa femme prise en flagrant délit d’adultère. Une femme dont on juge infondée la plainte pour viol est passible de 80 coups de fouet. Malgré tout cela, les femmes sont majoritaires à l’université et elles ne dissocient plus aujourd’hui le combat pour la démocratie des droits des femmes.
Pourquoi tant de détermination de la part des autorités dans le démantèlement d’Ashraf et l’emménagement à Liberty ? Parce qu’il s’agit de tuer la résistance iranienne. Et notamment d’envoyer un signal aux femmes qui résistent depuis des décennies sans violences. C’est la guerre de l’usure et du harcèlement psychologique contre le courage des femmes. En aucun cas le camp Liberty ne respecte le droit international de la convention de Genève sur les réfugiés de 1951. Nous le savons, les assurances minimales qui ont été soulignées par la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak, assurances qui ont été parrainées par 4000 parlementaires, des milliers d’avocats et de juristes en Europe, aux États-Unis et dans les pays Arabes ne sont pas tenues : liberté de circulation pour les résidents, pas de blocus médical, liberté de construire et d’aménager les logements, protection sur l’eau, l’assurance des sécurités, etc.

Aujourd’hui je veux dire un mot essentiel aux femmes d’Ashraf : je veux les remercier profondément de se battre. Chère Madame Radjavi, chère Ingrid Betancourt, chère Aude de Thuin, oui, oui ces femmes sont des reines, ce sont nos reines, celles de la conquête de la liberté. Et nous leur disons notre solidarité et notre estime pour le combat qu’elles mènent. Un combat trop solitaire et nous disons effectivement que les femmes du monde entier, du monde arabe bien sûr, mais du monde occidental aussi les soutiennent parce qu’elles incarnent un monde libre, un monde qui refuse de courber l’échine devant l’intégrisme, un monde où les femmes ont une place déterminante dans la vie publique et où elles n’ont pas à se cacher ni à subir la censure.
Face à un Iran qui détruit les droits de l’homme, qui bafoue chaque jour la liberté des hommes et des femmes, qui exécute à tour de bras, qui éructe sur la scène internationale, c’est un devoir moral et politique de défendre Ashraf et Liberty. Et enfin, aux femmes d’Ashraf et de Liberty, nous disons : « vous êtes une espérance » et nous leur disons notre gratitude pour construire avec un courage immense ce monde de demain.