samedi, juillet 27, 2024
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La France doit offrir d’organiser une enquête indépendante sur le massacre d’Achraf – François Colcombet

CNRI –  » Il faut que notre pays s’engage très fortement dans cette direction pour que nous obtenions que la France élève de fortes protestations ou éventuellement offre d’organiser une enquête indépendante sur le massacre d’Achraf », a déclaré François Colcombet, ancien député.

L’ancien magistrat et cofondateur du Comité français pour un Iran démocratique (CFID) s’exprimait le 21 janvier à Paris lors d’une conférence au Sénat, dans laquelle des sénateurs issus de tous les groupes politiques, en présence de personnalités diverses et de la dirigeante de la Résistance iranienne Maryam Radjavi, ont évoqué la situation préoccupante des droits de l’homme en Iran et les tensions créées par le régime iranien dans les crises du Moyen-Orient, spécialement en Syrie et en Irak. La conférence était organisait par le CFID qui célébrait le septième anniversaire de sa création.

Dans son intervention François Colcombet a ajouté:

Notre pays également, la France, a souvent eu un comportement honteux. On a évoqué tout à l’heure les poursuites contre l’OMPI et le CNRI et ses dirigeants en France. M. de Villepin n’a pas hésité en public à dire pratiquement dire qu’il allait livrer les gens de l’OMPI contre un contrat. Nous traînons tout cela, nous en sommes un peu responsables, même quand nous étions dans l’opposition. C’est tellement facile de penser à autre chose, de faire autre chose, de dire que ce n’était pas si important, qu’on n’y peut rien.

En réalité il faut être constamment là, réclamer, dire et être très exigeant. Je veux dire qu’on est plutôt content du gouvernement français actuel qui d’une façon générale dans la politique internationale a plutôt repris le flambeau de la tradition gaullienne et mitterrandiste. On est présent sur un certain nombre de sujets et on n’y est pas de façon honteuse. Ce n’est pas toujours parfait. Au Moyen-Orient on l’a vu dans les récentes négociations, c’est plutôt la France qui a fait que l’Occident n’a pas été complètement roulé dans la farine , consentant ! Car tous ces diplomates dont on dit qu’ils ne voient rien et bien pas du tout, ce sont des gens qui sont entraînés à ne rien voir. J’ai été suffisamment haut fonctionnaire pour savoir qu’à un certain moment, l’ordre est de ne pas intervenir, de ne pas voir. C’est manifestement ce qui s’est passé concernant nombre de pays. On ne veut pas s’en occuper, on préfère que les libertés soient bafouées.

Notre pays heureusement s’est ressaisi. Vous y êtes pour quelque chose, et vous les parlementaires aussi pour beaucoup. On est le seul pays dans lequel les parlementaires sont vraiment mobilisés depuis longtemps. Ils le sont non pas à l’échelon des grands chefs, ils le sont à l’échelon de la piétaille du Parlement. Les parlementaires sont souvent engagés, parce qu’ils ont rencontrés les gens de l’OMPI qui avaient été assignés à résidence quelque part. Ils ont fait connaissance très concrètement des uns et des autres qui sont ici, ils ont vu ce que c’était, ils ont vu que ce que vous défendiez, c’est-à-dire très concrètement des libertés dans lesquelles on se reconnaissait. C’est cela qui fait votre soutien.

Pour revenir à ce qui s’est passé le 1er septembre dernier, il y a cinq mois: les résidents d’Achraf ont brusquement vu leur camp attaqué par des professionnels, des gens armés. Je rappelle que ceux qui étaient à Achraf étaient désarmés, étaient des gens qui ne s’attendaient pas à cette attaque. Ils ont été non seulement attaqués, mais ils ont été tués. Et ce n’est même pas des exécutions ordinaires, c’étaient des exécutions de gens qui pour certains avaient les mains attachées, qui ont eu une balle dans la tête. Cela s’est passé y compris à l’infirmerie. C’est-à-dire que les malades et les soignants ont été tués un par un, sur les lits, dans les couloirs.

Et cela n’a pas eu un impact extraordinaire dans l’opinion publique. Je disais tout à l’heure que la faculté d’indignation de l’Occident est tout de même limitée. On ne peut pas tout faire. On ne peut pas se passionner pour des quantités de fariboles et passer du temps à se dire que ce n’est pas bien que des gens qui sont dans une infirmerie soient assassinés de cette façon là.

Ensuite six ou sept personnes ont été enlevées, et un certain nombre de personnes qui étaient dans le camp ont réussi à se cacher. Et avant de se cacher, elles ont filmé ce qui s’est passé. Ce qui fait que la suite des événements n’est pas celle qui avait été prévue par le gouvernement irakien parce qu’on nous aurait certainement raconté qu’un commando inconnu était venu les tuer et que comme il n’y avait pas de témoins, on ne pouvait pas savoir ce qui s’était passé. On n’en parlerait plus.

Or on en parle encore. Non pas parce que le gouvernement irakien a répondu aux questions qui étaient posées. Il n’a pas répondu. Pourtant les questions étaient précises. Les gouvernements lui ont posé ces questions, ainsi que l’Onu, qui je le rappelle était chargée de la sauvegarde des gens qui étaient dans le camp d’Achraf. Les questions c’était mais comment est-ce qu’un commando armé peut prendre la route qui vient jusqu’au camp et que vous êtes censés gardés ? Comment si vous n’avez pas fait attention, ont-ils pu attaquer sans que vous interveniez ? Comment ont-ils pu exécuter des gens sans que vous fassiez quelque chose ?  Comment ont-ils pu partir avec des otages sans que vous les arrêtiez ? Des questions toutes bêtes, toutes précises. À ces questions pas de réponse. Pourquoi pas de réponse ?  Et bien on le devine. Parce que les films qui ont été pris, montrent que ces militaires qui sont arrivés, étaient des militaires avaient un costume très repérable.

C’était vraisemblablement des gens qui étaient proches du gouvernement Maliki, qui avaient fait le mauvais coup.

Alors un pays s’est ressaisi, c’est l’Espagne qui bénéficie d’une législation qui lui permet de se saisir de tous les faits de terrorisme dans tous les pays quel qu’ils soient. L’Espagne, 3 mois après les faits, a ouvert une instruction. Elle doit nous faire penser à quelque chose, c’est qu’en réalité c’est probablement la bonne démarche. La bonne démarche ça n’est plus de demander au gouvernement irakien ce qui s’est passé. C’est de demander à une autorité indépendante – on ne demande à quelqu’un qui a commis un mauvais coup, comment ça s’est passé, sauf à attendre qu’il dénonce quelqu’un d’autre, ce n’est pas raisonnable. Donc il faut demander à quelqu’un d’indépendant. Il est donc indispensable qu’il y ait une enquête indépendante. Je crois que c’est ce que notre gouvernement doit demander, c’est ce que l’ONU doit maintenant exiger, une enquête indépendante sur cette affaire.

Bien entendu, dans les demandes il y a beaucoup d’autres choses. Il y en a une, c’est l’urgence absolue, c’est : où sont les otages ? Sont-ils encore en Irak ? Et pourquoi ne les libère-t-on pas, car il n’y a aucune explication sur la détention de ces otages. On l’a dit tout à l’heure, il est indispensable aussi que le camp soit protégé, car le camp Liberty est un camp qui sert de cible à toutes les interventions. Nous sommes à un moment où le désordre qui règne en Irak va servir de prétexte pour d’autres exécutions.

Vous savez le pire qui me passe parfois par la tête, je me dis que là, maintenant, au moment où l’on parle, on serait en train d’attaquer Liberty, il serait rayé de la carte, vous auriez quelques protestations, mais pas beaucoup. On dirait : mais regardez, on est en train de négocier avec l’Iran, n’ennuyons pas l’Iran, etc. et tous les gens seraient tués. Nous sommes dans une situation complètement dramatique. Il faut que notre pays s’engage très fortement dans cette direction pour que nous obtenions de notre président de la république, que la France au minimum élève de fortes protestations ou éventuellement offre d’organiser cette enquête indépendante qui pourrait être utile dans cette affaire.

Nous sommes dans un des moments très dramatique, dans un des moments où il est indispensable de se ressaisir. Il en va bien entendu de l’avenir de l’Iran. Il en va aussi et ce n’est pas indu, de l’honneur de la France.