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Iran : Téhéran pourrait préparer des essais nucléaires

Iran  : Téhéran pourrait préparer des essais nucléaires Le Figaro, 10 février – Par Maurin Picard – L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé des informations du «Washington Post» sur des plans iraniens pour un puits d’expérimentation.

Une disquette en persan et les plans d’un mystérieux puits, pouvant abriter des expérimentations nucléaires souterraines : telle est la trouvaille faite par les services secrets américains, qui en auraient communiqué la teneur à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée depuis trois ans d’enquêter sur le programme nucléaire iranien depuis Vienne. Si l’affaire remonte à l’an passé, elle a été dévoilée cette semaine par le quotidien Washington Post, avant d’être confirmée par l’AIEA, plutôt discrète en règle générale sur ce sujet.

Six jours à peine après la décision de l’agence de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies à propos de l’Iran, cette révélation vient renforcer la perspective de sanctions internationales à l’encontre de Téhéran. Le 6 mars, le directeur général de l’AIEA, Mohammed ElBaradei, rendra public ses conclusions sur l’état du programme nucléaire iranien, d’après les éléments rassemblés sur le terrain par ses enquêteurs depuis février 2003. Le conseil de sécurité pourra alors décider d’accentuer la pression sur l’Iran, qui nie énergiquement tout sombre dessein, malgré un faisceau troublant de présomptions.

 Un tunnel de 400 mètres

D’après le Washington Post, la disquette contiendrait les plans détaillés d’un tunnel de 400 mètres, équipé de capteurs à distance mesurant la pression et la chaleur. Ce type d’infrastructure est habituellement destiné à des essais nucléaires souterrains, d’après les experts de l’agence, d’autant qu’apparaissent aussi des indications pour l’érection d’un abri à 10 km de distance du puits, selon la procédure classique pour positionner les équipes de contrôle lors de ce genre d’expériences. Ce que les plans ne dévoilent pas, c’est la date de leur élaboration et si le projet a pu dépasser le stade de la planche à dessin.

Pour les fins limiers de l’AIEA, l’affaire est édifiante. A supposer que les sources des services américains soient fiables, elle confirme, si besoin était, que Téhéran vise bien plus loin en matière nucléaire que la simple production d’énergie civile. Et qu’elle s’apprêterait à sauter le pas, en produisant ses propres armes nucléaires. D’ici à une dizaine d’années, assurent des experts occidentaux, ou beaucoup moins que cela, d’après les militaires israéliens.

Le sous-sol de l’Iran est riche en minerai d’uranium et les scientifiques de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), passés sous la coupe des pasdarans, les fameux «gardiens de la révolution», ont acquis le savoir-faire pour convertir, puis enrichir l’uranium. Un taux d’enrichissement de 5% suffit pour mener un programme civil, tandis qu’un programme militaire requiert un taux d’au moins 90% d’enrichissement.

Uranium hautement enrichi

Seule limite aux ambitions cachées de Téhéran, la capacité à produire suffisamment d’uranium enrichi. Pour en obtenir des quantités suffisantes, sans doute plusieurs centaines de kilos, il faut disposer de milliers de centrifugeuses de type P2 opérationnelles, assemblées «en cascade» dans d’immenses souterrains.

Pour l’heure, l’AIEA n’a pu dénicher de telles installations, pas plus qu’elle n’a mis la main sur une seule centrifugeuse P2, hormis des plans relatifs à sa construction, fournis par le réseau clandestin du docteur Abdul Qadir Khan, le «père» de la bombe atomique pakistanaise.

A ces soupçons s’ajoutent les vastes souterrains déserts découverts à Natanz, les traces d’uranium hautement enrichi recueillies ça et là, les plans d’une usine secrète d’enrichissement d’uranium et des documents indiquant comment fabriquer des hémisphères d’uranium métal, une technologie liée de près à la conception d’armes nucléaires. De tout cela, le directeur adjoint de l’AIEA, Ollie Heinonen, s’est entretenu avec les dirigeants iraniens, le 25 janvier à Téhéran. Sans obtenir de réponses vraiment rassurantes.

Ces informations viennent confirmer les révélations faites par le CNRI depuis août 2002, particulièrement les dernières en date sur les tunnels creusés près de Téhéran.