CNRI Voici ci-dessous les commentaires de US Alliance for Democratic Iran sur lintervention du régime iranien en Irak à la suite de lattentat à Samarra la semaine dernière :
Plus tôt dans la semaine, le guide suprême de lIran, layatollah Ali Khamenei, a affirmé que lIrak était l « incarnation » de la défaite de lAmérique dans la région. Il a également déclaré que les objectifs de Washington en Irak étaient la « création de la division et de linsécurité et la tentative de faire passer le gouvernement élu par le peuple irakien pour un gouvernement incompétent ». Réitérant ses accusations précédentes, Khamenei a ajouté : «Les Américains tentent de déclencher une guerre sectaire et religieuse en Irak, et la catastrophe de Samarra en est lillustration ».
Par conséquent, lattentat de la semaine dernière visait-il un futur gouvernement démocratique dunion nationale en Irak ? Effectivement, cest bien le cas, Téhéran étant le principal bénéficiaire de cette attaque.
Le lundi précédent lattentat à la bombe du 22 février dans la mosquée sacrée dAskaryia, lambassadeur américain Zalmay Khalilzad avait sévèrement dénoncé lingérence croissante de lIran en Irak. Il a décrit la campagne de lIran comme la « stratégie complète » dun « acteur souhaitant dominer la région » et qui cherche à « travailler avec les milices, à travailler avec les groupes extrémistes et à leur fournir de lentraînement et des armes ».
La réprimande de lambassadeur Khalilzad dirigée contre Téhéran était assortie dune déclaration agressive prévenant les groupes chiites pro-Téhéran que les ministères de la Défense et de lIntérieur devaient être dirigés par des personnes « non sectaires, généralement acceptables et nayant aucun lien avec les milices ».
« Nous nallons pas investir les ressources du peuple américain dans la construction de forces dirigées par des personnes sectaires », a affirmé M. Khalilzad, ajoutant que la résolution du conflit sectaire et ethnique nécessitait du gouvernement une unité nationale, ce qui constitue « la différence entre le gouvernement qui existe actuellement et le prochain».
Le message pour Téhéran naurait pu être plus explicite : la campagne de lIran en Irak attise les conflits sectaires et linfluence du futur gouvernement, particulièrement des ministères de la sécurité, des forces chiites sous linfluence de Téhéran, constituent un obstacle majeur à la formation dun gouvernement dunion nationale.
Il serait très peu probable quun tel reproche en direction de Téhéran et de ses alliés en Irak reste sans réponse. Il nest pas surprenant quau moment où émergent plus de détails sur lexplosion de Samarra, de plus en plus de monde considère Téhéran comme coupable.
Peu après lattentat, Abdul-Aziz al-Hakim, chef du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (CSRII), a déclaré à la presse quil tenait M. Khalilzad pour responsable en partie puisqu « il a donné le feu vert aux groupes terroristes ». Le ministre de lIntérieur actuel en Irak est un haut responsable du CSRII et de sa milice Badr, opérateur de facto du ministère qui serait responsable présumé de lexécution, la torture et la détention de milliers de sunnites irakiens.
Le lien sinistre établi par M. Hakim entre M. Khalilzad et lattentat a été repris par dautres hauts responsables chiites pro-Téhéran. Le même jour, le vice président Adil Abdul-Mahdi, du CSRII également, dans un défi direct à la déclaration de lAméricain, affirmait que les milices chiites devaient jouer un plus grand rôle dans le domaine de la sécurité. En effet, linsistance prudente de M. Khalilzad pour que les ministères ayant un rapport avec la sécurité soient dirigés par des personnes non sectaires, a rendu furieux un grand nombre de groupes chiites sous influence iranienne.
Beaucoup de dirigeants sunnites attirent lattention sur la rapidité de la réaction chiite à attaquer les mosquées et les leaders religieux sunnites. Les bannières et des pancartes avaient déjà été imprimées et les attaques armées des principales milices chiites pro-Téhéran présentaient tous les signes dune opération organisée et bien planifiée.
La sophistication et la précision de lexplosion laissent aussi penser à une opération soutenue par un État. Et noublions pas que les mollahs au pouvoir en Iran ont un long passé de provocation et de manipulation de sentiments religieux. Leur survie en dépend littéralement. Ils nous ont aussi montré que lorsquil sagit de faire progresser leurs vils objectifs, ils nont aucun scrupule à profaner et à détruire les lieux saints chiites.
En 1994, le ministère des Renseignements et de la Sécurité (VEVAK) avait fait exploser une bombe puissante dans le mausolée de lImam Reza dans la ville iranienne de Machad, rejetant la faute sur le principal groupe dopposition iranien, les Moudjahidine du peuple. Des années plus tard, les factions rivales au pouvoir en Iran se mirent à laver leur linge sale en public : danciens responsables du ministère ont révélé que le VEVAK était derrière lattentat qui a tué des dizaines dIraniens et en a blessé bien plus.
LIran est le premier bénéficiaire du conflit sectaire puisque celui-ci gêne les efforts des dirigeants politiques chiites, sunnites et kurdes pour former un gouvernement démocratique dunion nationale en Irak. Téhéran craint que ses alliés ne doivent faire face à la résistance ferme et juste des Irakiens. Jeudi, les factions politiques kurdes et sunnites ont rejeté la candidature de lactuel Premier ministre chiite, pro-Téhéran, Ibrahim Jaafari, pour la direction du prochain gouvernement. Jaafari avait été recommandé par la faction chiite du religieux agitateur Moqtada Sadr, également très influencé par Téhéran. « Les groupes kurdes et sunnites pensent quil (Jaafari) nest pas neutre », a déclaré un législateur kurde à la presse. Jaafari et ses partisans radicaux ont juré de se venger, menaçant de plonger le pays dans une guerre politique.
Pendant ce temps, le gouverneur adjoint de la province irakienne de Salah ad-Din, où Samarra est situé, a annoncé que lenquête préliminaire « indiquait que le ministère des Renseignements iranien était impliqué » dans lattentat de la semaine dernière. Pas étonnant que Téhéran et ses alliés en Iran aient été aussi rapides à rejeter la faute sur les États-Unis. Il ny a pas si longtemps, Ali Laridjani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, avait averti que si Téhéran devait subir des pressions, « lIran se servirait de sa capacité dans la région », faisant allusion par là à la capacité de Téhéran dapporter la mort et la destruction en Irak.
Les Irakiens, quils soient chiites, sunnites ou Kurdes, sont les premières victimes dun conflit sectaire et dun Irak divisé. Dans la théocratie totalitaire, seuls les hauts responsables iraniens et leurs alliés peuvent tirer avantage dun conflit sectaire en Irak. Seule une coalition trans-ethnique, trans-religion, anti-intégriste et nationaliste offre une porte de sortie à cette folie sectaire au bénéfice de Téhéran. Washington doit continuer à soutenir activement cette coalition ; il sagit dun impératif stratégique. Lalternative est la domination irréversible de Téhéran sur lIrak.
LUS Alliance for Democratic Iran (USADI) est une organisation indépendante à but non lucratif basée aux États-Unis qui encourage les débats politiques informés, les échanges didées, les analyses, les recherches et léducation afin de mettre en place une politique américaine vis-à-vis de lIran.