vendredi, novembre 28, 2025
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Grèves et manifestations en Iran contre la crise économique et les impayés de retraites

Grèves et manifestations en Iran contre la crise économique et les impayés de retraites
Manifestation des travailleurs du pétrole et du gaz à Aghajari, dans le sud-ouest de l’Iran (21 septembre 2025)

Le 21 septembre 2025, une vague de protestations coordonnées a déferlé sur l’Iran. Des milliers de retraités, d’enseignants et d’ouvriers industriels sont descendus dans les rues, d’Ispahan et du Khouzistan à Téhéran, la capitale. Ces manifestations, alimentées par la corruption systémique et la gestion économique catastrophique du régime, ont révélé une population poussée à bout, les slogans dans les rues passant de revendications de subsistance de base à des appels directs à la destitution de la théocratie.

Ces manifestations ne sont pas des incidents isolés, mais le signe clair d’une société au bord d’un soulèvement national, révélant l’illégitimité d’un régime qui a pillé les richesses du pays tout en laissant sa population sans ressources.

Un soulèvement national : cartographie des manifestations

Les manifestations du 21 septembre se sont distinguées par leur ampleur géographique et leur nature synchronisée, témoignant d’un mécontentement profondément organisé et généralisé. Les grandes villes sont devenues des foyers de colère populaire :

  • À Ispahan, les retraités de la sidérurgie se sont mobilisés contre l’injustice systémique.
  • Au Khouzistan, les retraités de la Sécurité sociale ont protesté contre les promesses creuses du régime et une pauvreté accablante. Le mouvement s’est étendu à toute la province, les retraités de Shush, Haft-Tappeh et Karkheh se rassemblant devant le bureau du gouverneur local pour exprimer leurs revendications.
  • À Kermanshah, les retraités se sont rassemblés devant le bâtiment de la Sécurité sociale, tandis qu’à Rasht, capitale de la province du Gilan, ils ont organisé un rassemblement similaire.
  • À Téhéran, la capitale, des retraités de la sécurité sociale et des enseignants ont uni leurs forces pour protester contre des conditions de vie insupportables.
    Les troubles ont touché non seulement les retraités, mais aussi les travailleurs en activité, mettant en lumière une crise systémique qui paralyse les industries iraniennes.
  • À Aghajari, les employés de la compagnie pétrolière et gazière ont manifesté en vidant leurs assiettes, symbole poignant de leur lutte. Parallèlement, les ouvriers de Ghadeer Steel à Behabad sont en grève depuis quatre mois pour protester contre le non-paiement de leurs salaires. À Shahroud, la fermeture imminente de l’aciérie menace de détruire 300 emplois, privant des centaines de familles de revenus.

Les slogans : des revendications économiques à la défiance politique
Les slogans qui résonnent dans les rues iraniennes témoignent d’une nette évolution de la conscience publique. Bien qu’ancrés dans le désespoir économique, les slogans sont devenus ouvertement politiques, remettant directement en cause l’autorité et la légitimité idéologique du régime.

Les manifestants du Khouzistan et de Shush ont scandé : « Les promesses suffisent, nos tables sont vides ! » À Kermanshah, ce sentiment était lié à la politique étrangère destructrice du régime : « Le bellicisme suffit, nos tables sont vides !»

Plus grave encore, les manifestants désignent désormais le régime comme la véritable source de leur misère. Dans une critique éclatante de décennies de propagande d’État, les retraités de Kermanshah ont scandé : « Notre ennemi est ici ; ils mentent et disent que c’est l’Amérique.» À Ispahan, les manifestants ont attaqué le cœur de l’idéologie frauduleuse de la théocratie, criant : « Ils ont utilisé l’islam comme une échelle pour écraser le peuple », et ont exprimé clairement leur revendication ultime avec le slogan : « Fonctionnaires, ayez honte, lâchez le pays.»

Le coût humain d’un système corrompu : le sort des retraités
Le désespoir qui alimente ces manifestations trouve son origine dans un état d’effondrement quasi total des services sociaux, en particulier pour les personnes âgées du pays. Selon le président du Comité médical des retraités de la sécurité sociale, la situation est désormais « critique ». Le régime a bloqué les fonds dus à la Sécurité sociale, provoquant une catastrophe dans le système de santé.

Depuis six mois, les cotisations d’assurance maladie complémentaire sont déduites des maigres pensions des retraités, sans jamais être reversées à l’assureur. Conséquence : les hôpitaux et les centres médicaux de tout le pays résilient leurs contrats, laissant les retraités sans couverture. Des hommes et des femmes qui ont travaillé toute leur vie sont désormais abandonnés par l’État.

Le bilan humain est dévastateur. Les retraités atteints de cancer et d’autres maladies potentiellement mortelles n’ont pas les moyens de se faire soigner et sont contraints de vendre leur maison et leurs biens personnels pour payer leurs médicaments. Exemple flagrant de la corruption institutionnalisée du régime, les quotas de prêts destinés à fournir une aide essentielle à ces retraités auraient été détournés par des membres du parlement.

Les manifestations nationales du 21 septembre constituent une condamnation cinglante des quatre décennies d’incompétence et de pillage du régime clérical. Les slogans scandés dans les rues confirment que le peuple iranien ne voit plus de distinction entre les factions au sein de l’élite dirigeante ; il identifie l’ensemble du système, sous la direction d’Ali Khamenei, l’artisan de leurs souffrances. Ce mouvement unifié et provocateur n’est pas un moment de colère passagère, mais la manifestation d’une société instable qui a perdu sa peur. C’est le cri d’une nation qui se lève pour reconquérir son avenir face à une tyrannie corrompue et illégitime, et il témoigne d’un désir inébranlable d’une alternative démocratique et juste.