
Par Alain Chemali
GEOPOLIS – Le régime iranien fait face à une des plus graves accusations de son histoire: le massacre de milliers d’opposants sur fatwa de l’Imam Khomeiny en 1988. Un document rendu public par le fils de Montazeri, feu successeur du guide suprême à l’époque, a fait resurgir l’affaire. L’opposition appelle à juger «pour crimes contre l’humanité» une soixantaine de personnes impliquées et toujours au pouvoir.
Mis en place par l’ayatollah Khomeiny en 1979 à son retour d’exil à Téhéran, le régime iranien est confronté depuis cet été à une des plus importantes accusations proférées contre lui dans son histoire.
Au début de l’été 1988, plus de 33.000 opposants sont massacrés dans tout le pays suite à une fatwa prononcée par le fondateur de la République islamique à l’encontre des Moudjahidines du peuple iranien.
Les Moudjahidines, des «hypocrites» qui doivent être passés par les armes
Au même titre que d’autres mouvements d’opposition, communistes, étudiants pro-occidentaux, ou minorités ethniques, les Moudjahidines, qualifiés d’ «hypocrites» et tous ceux qui s’en approchaient devaient être passés par les armes.
Dans un pays exténué par huit années de guerre contre l’Irak, une gigantesque opération de liquidation de «l’ennemi intérieur» était ainsi lancée par le régime. Elle allait durer plusieurs semaines au cours desquelles des centaines de milliers de personnes seront exécutées par pendaison ou peloton d’exécution. D’autres trouveront la mort dans la redoutable prison d’Evin à Téhéran ou ailleurs et finiront dans des fosses communes.
La revanche posthume de l’ayatollah Montazeri
Selon un rapport d’Amnesty international datant de 1990, «des milliers de personnes ont été exécutées en Iran entre 1987 et 1990».
Revanche posthume de l’ayatollah Montazeri, ancien successeur désigné de Khomeiny avant de tomber en disgrâce et de céder la place à l’actuel guide Ali Khamenei ? C’est son fils Ahmad Montazeri qui a ramené cet épisode sanglant de la révolution iranienne à la surface.