
Un torrent de révélations, provenant des institutions mêmes du régime clérical, a anéanti les derniers prétextes de gestion économique à Téhéran. Il en ressort le portrait d’une kleptocratie en voie d’effondrement, qui imprime de la monnaie sans soutien, pille les richesses publiques et prélève des revenus sur les citoyens les plus pauvres pour financer sa propre survie.
Confessions de pillage et d’anarchie budgétaire
Deux anciens dirigeants de la Banque centrale sous l’ancien président Hassan Rohani ont publiquement reconnu les vols systématiques et les manipulations monétaires inconsidérées du régime. Cette semaine, Valiollah Seif a révélé que Rohani avait personnellement ordonné la vente illimitée des réserves d’or iraniennes, faisant fi des avertissements annonçant que le Trésor public serait vide d’ici deux ans. « Je ne serai là que pour deux ans », lui aurait-il dit, avouant ainsi que l’élite dirigeante considère la richesse nationale comme un fonds de réserve personnel.
Son successeur, Abdolnasser Hemmati, a révélé que le gouvernement avait injecté plus de 200 000 milliards de tomans de liquidités non garanties dans l’économie, imprimant ainsi de la monnaie à partir de rien. Il a admis que cette mesure n’avait aucun fondement productif : une tentative désespérée de retarder l’effondrement budgétaire au prix d’une hyperinflation.
Ces déclarations confirment ce que les économistes et les Iraniens savent depuis longtemps : les politiques financières du régime clérical ne sont pas des erreurs de calcul, mais des actes de survie de dirigeants qui considèrent l’économie comme superflue. L’inflation, la corruption et l’effondrement monétaire qui en résultent sont les conséquences logiques d’un système fondé sur un pouvoir irresponsable.
Masquer l’effondrement : supprimer les zéros, pas résoudre les problèmes
La dernière manœuvre du régime – supprimer quatre zéros de la monnaie nationale – est une manœuvre psychologique pour masquer la chute libre du rial. Le Conseil de discernement a approuvé le plan ce mois-ci, tout en reconnaissant son inutilité. « Ce changement n’a aucun impact réel sur la valeur », a admis Hadi Mohammadpour, député du régime.
Cette mesure vise à occulter les conséquences d’une impression monétaire effrénée et d’un taux d’inflation qui, selon les dernières données de la Banque mondiale, a dépassé 40 % en glissement annuel au premier semestre 2025. Avec la réactivation des sanctions dans le cadre du mécanisme de retour à la normale de l’ONU et l’épuisement des réserves de change, les dirigeants de Téhéran ont opté pour une comptabilité superficielle plutôt que pour un véritable changement, remplaçant la gestion économique par des illusions arithmétiques.
Prix des carburants et politique d’extorsion
Parallèlement, les responsables du régime préparent le terrain pour une augmentation furtive des prix de l’essence, une mesure qui a historiquement déclenché des manifestations de masse. Le gouvernement de Masoud Pezeshkian présente désormais ces hausses comme une « rationalisation », prétendant lutter contre la surconsommation et la contrebande. Sa porte-parole, Fatemeh Mohajerani, a invoqué la « transparence » tout en invoquant la hausse des coûts d’importation.
Mais le véritable objectif est l’extraction fiscale : contraindre les familles ordinaires à financer le déficit budgétaire du régime et son vaste réseau clientéliste. Même des parlementaires proches du régime ont averti qu’un plan de tarification du carburant à trois niveaux – avec des augmentations allant jusqu’à 500 % – pourrait déclencher des troubles à l’échelle nationale. Cette crainte révèle le dilemme du gouvernement : il ne peut se financer sans appauvrir ses citoyens, ni réformer sans saper les fondements corrompus du système.
Les femmes et la disparition de la main-d’œuvre
La crise n’est pas seulement numérique. Elle est sociale et morale. Selon les statistiques officielles du régime, seulement 12 % des femmes iraniennes ont un emploi, ce qui place le pays en queue de peloton parmi les 185 pays étudiés. Quatre décennies de politique misogyne et de discrimination structurelle ont exclu la moitié du capital humain iranien de la vie économique. Il en résulte une stagnation, une émigration massive et une génération de femmes instruites prisonnières d’une dépendance forcée.
Pour l’establishment clérical, cette exclusion n’est pas un échec, mais une politique. Une économie qui privilégie la loyauté à la compétence ne peut se permettre une participation méritocratique, notamment de la part des femmes qui remettent en question le dogme patriarcal du régime.
Factions, fantasmes et la mort de la gouvernance
Pendant ce temps, les institutions économiques du régime sont en guerre contre elles-mêmes. Le désaccord entre le ministre des Finances, Seyed-Ali Madanizadeh, et le gouverneur de la Banque centrale, Mohammadreza Farzin, met en lumière la paralysie au cœur de la politique. Une faction exige un taux de change flottant pour lutter contre la corruption ; l’autre s’accroche à des contrôles artificiels pour préserver les privilèges des élites.
Derrière ces conflits se cache une vérité plus profonde : personne ne gouverne. Le processus décisionnel a sombré dans le chaos, avec des ministères rivaux, des banques et des conglomérats liés aux Gardiens de la révolution, chacun cherchant sa survie au détriment de l’ensemble. Selon les données officielles, le toman a dépassé les 110 000 pour un dollar, l’inflation approche les 50 % et la confiance du public s’est effondrée.
Il ne s’agit pas d’un ralentissement conjoncturel, mais de la phase terminale d’une économie politique conçue pour le pillage. Chaque zéro imprimé, chaque pièce d’or vendue et chaque hausse de prix imposée sont un aveu que le régime a épuisé tous les moyens légitimes de gouverner.
Un système en guerre contre son propre peuple
La ruine économique de l’Iran est indissociable de la structure politique qui l’a engendrée. Un État fondé sur l’absolutisme clérical ne peut soutenir une gouvernance moderne. Ses dirigeants impriment de la monnaie parce qu’ils ont atteint une faillite rationnelle ; ils répriment la dissidence parce qu’ils n’ont aucun mandat ; et ils échangent l’avenir de la nation contre l’illusion de la stabilité.
Le chœur croissant de la contestation – des travailleurs pauvres aux enseignants en grève en passant par les prisonniers rebelles – reconnaît désormais que ces crises ne sont pas des accidents économiques, mais les conséquences de la théocratie elle-même.
Si les fondements de ce système corrompu ne sont pas démantelés, l’économie iranienne poursuivra sa descente aux enfers, et avec elle, les derniers vestiges de patience publique. Le régime peut effacer les zéros de sa monnaie, mais il ne peut effacer le verdict de son propre peuple : son temps est compté.

