jeudi, juillet 17, 2025
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Des responsables du régime iranien pris dans un scandale de corruption massif concernant des cartes-cadeaux

Des responsables du régime iranien pris dans un scandale de corruption massif concernant des cartes-cadeaux

Alors que le peuple iranien subit une inflation écrasante, une pauvreté croissante et un effondrement économique, un nouveau scandale éclate au sein du régime iranien : cette fois il s’agit de la distribution secrète de milliers de cartes-cadeaux de grande valeur à des membres du régime. Chaque carte, d’une valeur estimée à plus de 100 millions de tomans, représente un symbole grotesque d’excès dans un contexte de misère nationale.

La controverse a été révélée par Hossein Samsami, membre de la Commission économique du parlement du régime, qui a adressé une lettre officielle au ministre du Renseignement pour exiger une enquête approfondie. Selon Samsami, au moins 2 800 cartes-cadeaux, pour un montant total estimé à 14 milliards de tomans, ont été distribuées par des canaux opaques, ce qu’il a qualifié de « cadeaux non monétaires ».

Bien que d’une ampleur vertigineuse, cette somme n’est pas sans précédent dans un régime en proie à une corruption systémique. Pourtant, l’indignation publique suscitée par ce scandale témoigne d’un point de rupture.

Qui a autorisé cette manne ? Et pourquoi ?

Dans sa lettre, Samsami pose plusieurs questions urgentes : qui a autorisé ce généreux cadeau ? Qui a reçu ces cartes-cadeaux ? À quoi servaient-elles ? Et surtout, qui les a payées ? Il a reconnu que l’ampleur du scandale était encore inconnue, mais a averti que la numérotation des cartes suggérait que 2 800 cartes ne constituaient peut-être que « la partie émergée de l’iceberg ».

Samsami a également demandé au ministère du Renseignement d’examiner d’autres « articles non monétaires » inclus dans les mêmes colis cadeaux et de retracer leurs sources de financement. De tels propos laissent entrevoir un schéma d’abus financiers bien plus vaste, qui ne se limite pas aux seules cartes-cadeaux.

Malgré son appel à la responsabilité, Samsami n’a pas cité de noms ni identifié les institutions gouvernementales impliquées. Tout en niant que des députés aient reçu les cartes, il a refusé de fournir davantage de précisions, mettant en doute son engagement en faveur d’une véritable transparence. Il a même admis que la question n’était « pas à l’ordre du jour de la Commission économique » et qu’il ne l’avait abordée qu’après avoir été contacté par le PDG d’une entreprise anonyme.

Réactions furieuses sur les réseaux sociaux
Cette révélation a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux iraniens, notamment sur la plateforme X (anciennement Twitter). Des milliers d’utilisateurs ont exprimé leur colère face à ce qu’ils considèrent comme un nouvel exemple de corruption institutionnalisée. L’un d’eux a écrit : « 2 800 cartes-cadeaux d’une valeur de 14 milliards de tomans ! Cet argent est passé des poches du peuple aux poches des dirigeants. » Un autre a fait remarquer : « Lorsque les hôpitaux ne peuvent plus payer les médicaments et que les travailleurs ne sont pas payés depuis des mois, voilà ce que le régime fait de notre argent.»

Ces réactions soulignent le fossé grandissant entre le peuple et le régime, creusé par des années de mauvaise gestion économique, de répression sociale et d’inflation incessante. Pourtant, les institutions du régime et les bénéficiaires potentiels de ces cartes sont restés ostensiblement silencieux – un silence que beaucoup interprètent comme une nouvelle confirmation du pourrissement systémique.

Ce scandale a ravivé les débats critiques sur la frontière floue entre « cadeaux » et « pots-de-vin » dans la culture politique du régime iranien. Les experts ont averti à plusieurs reprises que même les cadeaux légalement autorisés, surtout à cette échelle, peuvent servir de mécanisme pour acheter la loyauté ou influencer l’élaboration des politiques. Dans un pays où la surveillance indépendante est inexistante et où la transparence financière est délibérément entravée, de telles pratiques ne sont pas seulement contraires à l’éthique, elles portent atteinte à la légitimité même de l’État.

Un aperçu de l’enrichissement routinier des élites
Ce scandale fait suite à une révélation retentissante concernant la corruption généralisée au sein du parlement du régime. Le 13 février 2024, le groupe cybernétique dissident GhiamSarnegouni (« Soulèvement vers le renversement ») avait annoncé avoir piraté et accédé à plus de 600 serveurs appartenant au parlement du régime iranien. Il avait publié des documents accablants révélant les salaires et avantages extravagants dont bénéficient les parlementaires.

Selon les documents divulgués, certains parlementaires du régime perçoivent des salaires mensuels compris entre 200 et 250 millions de tomans, dépassant largement les affirmations publiques du régime. Ils bénéficient également de primes lors des fêtes et événements religieux comme Norouz (Nouvel An persan), la nuit de Yalda (solstice d’hiver), la Journée du Parlement et la Journée des employés, avec collations, cadeaux et indemnités supplémentaires.

L’un des documents, analysé par le site d’information Rouydad24, a confirmé que les numéros IBAN répertoriés lors de la violation correspondaient à ceux des députés. Le salaire mensuel le plus élevé a été enregistré à près de 2 000 $.
65 millions de tomans, versés aux membres des commissions de l’énergie et de l’économie. Parmi les autres avantages, on compte les frais de fêtes d’anniversaire, de visites à l’hôpital, de fleurs, d’obsèques, de voyages, de livres et même de vacances d’été, tous financés par le Trésor public.

Le Bureau des relations publiques du Parlement a réagi avec faiblesse, alléguant que les pirates informatiques avaient « falsifié » certains documents. Pourtant, les preuves de dépenses extravagantes dans un contexte d’austérité nationale sont trop flagrantes pour être ignorées.

Une nation meurt de faim tandis que ses dirigeants festoient
Ces révélations surviennent alors que plus de 60 % des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté, nombre d’entre eux n’ayant pas les moyens de subvenir à leurs besoins fondamentaux, sans parler des soins de santé. Enseignants, ouvriers et retraités attendent des mois pour percevoir leurs salaires, tandis que les élites du régime dépensent les fonds publics en bonbons, fleurs et cartes-cadeaux.

Les médias d’État ont tenté de contenir les répercussions en diffusant des interviews de prétendus « citoyens ordinaires » exprimant leur mécontentement. Pourtant, une telle indignation contrôlée ne suffit guère à endiguer la vague de colère grandissante qui balaie le pays.

Pas de réforme sans changement de régime
L’affaire des 2 800 cartes-cadeaux n’est pas un scandale isolé : elle reflète un système profondément ancré de vol, d’impunité et de privilèges d’élite. Dans toute démocratie fonctionnelle, de telles révélations entraîneraient des démissions, des enquêtes et la mise en cause de la responsabilité judiciaire. Dans le régime iranien, elles ne conduisent qu’à des dénégations, des diversions et des jeux de pouvoir internes déguisés en réformes.

Tant que la racine du problème – le régime lui-même – ne sera pas abordée, le cycle persistera. La corruption du régime n’est pas un défaut ; c’est une caractéristique. Et le peuple iranien, trahi à maintes reprises, continuera de souffrir sous son poids.

Pourtant, à chaque révélation, le masque du régime tombe un peu plus. Et à chaque nouveau scandale, l’appel à la justice – et à un véritable changement – se fait plus fort.