mercredi, septembre 11, 2024
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Jean-Pierre Muller : le régime des mollahs, ce n’est pas l’Iran !

Jean-Pierre Muller : le régime des mollahs, ce n'est pas l'Iran !

Jean-Pierre Muller, maire de Magny-en-Vexin et co-président du Comité des maires contre l’intégrisme et pour les droits de l’Homme intervenait le samedi 10 septembre à une cérémonie, au bureau du Conseil national de la Résistance iranienne à Auvers-sur-Oise, pour célébrer le succès de la réinstallation des habitants du camp Liberty.

Mais nous sommes tous, pratiquement tous, venus d’innombrables fois ici dans cette salle à Auvers-sur-Oise. La première fois que je suis venu, c’était il y a 12 ans avec François Hollande, avec Jean-Pierre Béquet, et j’ai connu véritablement ce que c’était que le combat des Moudjahidines du Peuple. Et les rencontres, les réunions, les débats, les commémorations, les moments de joie se sont succédés, les amitiés se sont forgées, mais les moments de peine, d’impatience, de douleur se sont succédés également.

Les amitiés se sont forgées parce ce sont des amitiés. Presque des liens de parenté. Parce que quand on dit « vous êtes nos frères, vous êtes nos sœurs » ce ne sont pas des mots anodins, ça représente quelque chose. Et finalement on voit que les choses avancent, la rafle d’Auvers, la justice vous a été rendue. Ça a pris du temps, ça a pris trop de temps, mais justice vous a été rendue. L’inscription sur la liste des organisations terroristes a pris trop de temps, mais enfin, les gouvernements, les autorités compétentes en la matière ont dit, ces gens-là, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants. Mais c’est vrai qu’au fil de l’histoire, au fil de la géographie, et bien les résistants ont été quelques fois qualifié de terroristes. Non, vous êtes des résistants !

Et aujourd’hui, je me dis que sans utiliser de grands mots, le sens de l’histoire il est là. Il est là parce que le temps fera son œuvre. Il faut qu’il le fasse le plus rapidement possible, ce mur, cette muraille de barbarie, d’intolérance des mollahs finira par tomber. Et quelques fois les murs tombent avant de se fissurer, et aujourd’hui le mur se fissure. Il se fissure parce qu’hier comme vous l’avez mis sur le mur, c’est un échec cuisant pour le régime des mollahs. C’est un échec cuisant dont peut-être on ne prend pas toute la mesure. Mais c’est un moment historique, c’est un moment de gravité, et il faut que nous en soyons tous conscients. Mais finalement cet échec cuisant, ce n’est pas un résultat spontané, ça ne s’est pas fait tout seul. C’est le résultat, c’est la conséquence, c’est le fruit d’un long et douloureux combat.

Parce que nous sommes aujourd’hui heureux, ici. C’est un moment de joie, de satisfaction, de victoire, mais quand on est heureux, quand on est bien, je ne sais pas comment vous réagissez, moi je ne peux pas m’empêcher – et c’est un handicap, je vous assure que c’est un handicap – de penser à ceux qui ne sont pas bien, à ceux qui ne sont plus là, à ceux qui ont souffert. Quand on a vu les rescapés, quand on voit les images des gens qui sont torturés, des gens qui sont battus, des gens qui sont pendus et qui ne sont pas pendus n’importe comment, mais on les pend pour qu’ils souffrent le plus possible. Ceux-là il ne faudra jamais les oublier.

Et il faudra aussi que la justice internationale le moment venu – et ce moment venu doit venir le plus rapidement possible – ce n’est pas un désir de vengeance. Il va falloir que la justice internationale sanctionne et dise qui est qui et qui a fait quoi. Et sanctionne. Et sanctionne.

Ça s’est fait comment, cet échec cuisant ? C’est un peu délicat de le dire, mais il faut qu’on se dise la vérité. C’est parce que chère Maryam, eh bien oui, vous êtes la présidente des Moudjahidines du Peuple, vous êtes celle qui conduit le combat, qui montre la direction, et d’aucun n’aurait pu à un moment abandonner parce que quand on est tout seul, face aux puissances internationales.

Je pense souvent à Nelson Mandela, qui est resté 26-27 ans en prison. Il n’a jamais flanché, si je puis dire les choses comme ça. Il n’a jamais cédé. Aujourd’hui c’est notre héros à tous, mais combien il a dû se trouver seul à certains moments. L’année dernière j’ai eu – pardonnez-moi cette confidence – l’honneur d’être présenté à Ahmed Kathrada un de ses meilleurs amis. Je garde généralement mon sang froid, mais j’ai voulu le toucher, j’ai voulu l’embrasser parce qu’il avait vécu le même martyr. Et on en prend pas non plus la mesure. Donc très sincèrement Maryam, merci pour ce que vous faites, pour ce que vous avez fait et ce que vous ferez encore.

Pas seulement à la tête de ce merveilleux mouvement de résistance, mais pour le peuple iranien, pour vos frères et pour vos sœurs. Mais votre combat, ça a été dit aussi, le combat des Moudjahidines du Peuple, il faut qu’on le dise à tout le monde, à tout le monde, à Magny-en-Vexin, comme à Paris, comme à Bruxelles, comme partout ; que votre combat c’est aussi un combat pour la paix, pour la liberté, pour l’émancipation, je reprends le terme, la compassion, et ça vous êtes la cheville ouvrière, vous êtes au premier plan, avec tous nos frères et nos sœurs qui ne sont pas derrière vous, mais à vos côtés. Et ça on ne le dira jamais assez.

Et là aussi cela porte ses fruits. Parce que même si le chemin est long, même s’il est difficile, la vérité et la justice finissent toujours par triompher. Même si le temps est long – et je le répète avec force. Tous les ans, à Villepinte ou au Bourget, vos soutiens, nos soutiens, sont de plus en plus nombreux. Que ce soit les militants, que ce soit les sympathisants qui viennent de partout et tous les responsables politiques qui sont de plus en plus nombreux, de plus en plus importants. Ce sont des gens qui sont attachés à la liberté, à la fraternité, à l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est pour ça qu’ils sont là.

Et, aujourd’hui, au moment de cette magnifique victoire qui ne doit être qu’un pas supplémentaire vers la libération de l’Iran, ce qui compte c’est l’avenir. Et en effet il faut en finir avec les propos convenus, avec les attitudes pas bienveillantes, mais compromettantes ou complices. Il y a des choses que l’on ne fait pas, il y a des gens que l’on ne fréquente pas, parce qu’ils sont infréquentables. Et ça partout où on est, eh bien il faut le dire, il faut le dire que la liberté elle a sa place en Iran, que le régime des mollahs, ce n’est pas l’Iran ; que l’Iran des mollahs, ce n’est pas l’Iran ; et que dans l’intérêt du monde, je dis bien dans l’intérêt du monde, je choisis mes mots, il faut que ce régime soit renversé, et qu’il y ait une alternative démocratique que vous représentez.

Je vais terminer comme j’aime terminer. Un jour sur la place de la Liberté à Téhéran, et que les petits pourront aller à Téhéran en toute insouciance parce que là-bas enfin, règneront à nouveau la fraternité, l’égalité et la liberté. Merci à vous, Maryam Radjavi.

Vidéo de l’intervention de Jean-Pierre Muller :