samedi, juillet 27, 2024
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Iran – Syrie : Le plus haut gradé des Pasdaran en Syrie, tué – Coup dur pour la stratégie des mollahs

Par Afchine Alavi

Le corps des gardiens de la révolution (Pasdaran) a annoncé vendredi la mort en Syrie du Brigadier général Hossein Hamedani. Ce plus haut commandant des pasdaran en Syrie a été tué jeudi 8 octobre dans la région d’Alep, alors qu’il était en mission. Le général Ramezan Sharif, porte-parole des Gardiens de la révolution, a reconnu que Hamedani avait été « ces quatre dernières années l’un des conseillers militaires les plus influents ayant joué un rôle déterminant » en Syrie.

En réalité le rôle de Hamedani était plus qu’un conseiller. Il était l’adjoint pour la Syrie et le Liban du général Ghassem Souleimani, chef de la force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution.

 Ces quatre dernières années, sur le terrain en Syrie, il commandait et coordonnait, sous le pseudonyme d’Abu Wahab, l’ensemble des forces et milices qui dépendent du régime iranien. Sur ce plan, il était également en charge de l’organisation et du commandement de toutes les forces non-iraniennes du régime qui ont été expédiées vers la Syrie, y compris les Kataeb Hezbollah et Asaïb Ahl al-Haq de l’Irak, le Hezbollah du Liban, les forces Fatemiyoun de l’Afghanistan…

Il était le plus ancien général des pasdaran en charge des forces chargées de défendre et de maintenir le dictateur Bachar el-Assad au pouvoir.

Né en 1955, Hamedani a fondé la branche des gardiens de la révolution à la ville de Hamedan, à l’ouest de l’Iran. Il fut impliqué en 1980 dans la répression des populations kurdes iraniennes à l’ouest du pays.

Il fut aussi un des hauts commandants du corps des gardiens de la révolution pendant la guerre Iran-Irak (1980-88) où il fut blessé.

Suite à la guerre au Liban, en juin 1982, la Division Mohammad Rassoulollah des pasdaran dont Hamedani était un des commandants a été dépêchée au Liban.

En 1988, Hamedani, intervenait dans la bataille qui opposa les forces de la Résistance iranienne à Kermanchah aux gardiens de la révolution. Il fut impliqué dans de nombreuses exactions et les crimes de guerre commis contre la population et les forces de la résistance suite à ces affrontements.

Dans les années 1990, Hamedani a été nommé chef d’état-major des Forces terrestres du Corps des gardiens de la révolution.

En juillet 1999 il a participé à la répression de la révolte estudiantine à Téhéran et est devenu le commandant de la base Sarollah chargé de protéger Téhéran de toute insurrection populaire. Il fut un temps l’adjoint du commandant en chef de la milice Bassidj.

Au cours du soulèvement de 2009, suite aux fraudes électorales de la présidentielle de juin, Hamedani a été nommé, commandant en chef de la division Mohammad Rassoulollah en charge de la répression à Téhéran des manifestations contre le régime. Il acquît une expérience précieuse dans la répression sanglante qui lui servira plus tard en Syrie.

Alors que la guerre civile en Syrie éclate et le régime de Bachar El-Assad est menacé, Hamedani est chargé de remettre le commandement de la division Mohammad Rassoulollah au Brigadier Général Kazemeyni et est envoyé en Syrie pour coordonner l’intervention des forces des Pasdaran et des milices affiliés, dans ce pays.

Il a fondé en Syrie une milice sur le modèle de la milice Bassidj, le Jeich el Watan (l’arméé nationale). Chaque mois, il envoyait 50 des éléments de cette milice pour formation en Iran.  Il avait lui-même mis à son compte la formation de cette milice qui selon lui était composée de : «70.000 jeunes « alaouites », « sunnites » et « chiites » dans 42 groupes et 128 bataillons.

Hamedani se déplaçait régulièrement entre le Liban, la Syrie, l’Irak et Iran pour coordonner les ingérences iraniennes avec Ghassem Souleimani.  

Il fut aperçu en automne 2012 aux proximités du camp d’Achraf en Irak où les membres des Moudjahidine du peuple étaient encerclés par les forces irakiennes et les éléments de la force Qods des pasdarans.

Après les défaites militaires infligées à l’axe Téhéran-Hezbollah-Damas, dans l’ouest de la Syrie, le régime de Téhéran a intensifié ses efforts pour sauver Assad, simultanément à l’intervention Russe dans ce pays. Ces efforts loin de viser Daech, ciblent en fait l’ensemble des forces rebelles anti Daech et l’armée libre syrienne qui menacent dorénavant la capitale Damas et les ports stratégiques de Lattaquié et de Tartous. Dans les batailles au sol, se sont les Pasdaran et leurs supplétifs, qui sont en train de combattre les forces rebelles et la population syrienne, bien évidemment le plus loin possible des zones occupées par Daech, dans la mesure du possible.

Ce qui semble prendre la tournure d’une opération de dernière chance, vient en tout cas de bien mal commencer pour le régime iranien, qui risque aussi de perdre son hégémonie en Syrie avec l’intervention de son puissant allié Russe.

Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, le contre-amiral Ali Chamkhani, a affirmé que la mort du général Hamedani était « une grande perte ». En réalité c’est le coup le plus important jamais subit par les gardiens de la révolution depuis le conflit en Syrie et en Irak.

La mort d’un des plus importants officiers supérieurs des gardiens de la révolution, démontre une fois de plus l’importance stratégique pour le régime des mollahs; le maintien d’Assad au pouvoir et dévoile l’étendue de l’implication directe de la dictature religieuse au pouvoir en Iran dans la répression du peuple syrien. Sans l’implication totale de Téhéran, Assad aurait été renversé, il y a bien longtemps. Il est de plus en plus évident qu’après quatre ans de crimes et de massacres en Syrie, la stratégie du régime des mollahs, est sur le point d’échouer.