De Professeur Daniel M. Zucker
Dr. Kenneth R. Timmerman de la Fondation pour un Iran démocratique est un adversaire implacable du régime des mollahs de Téhéran. Il sest avéré être une source excellente concernant la formation par lIran de forces militaires, et particulièrement concernant son programme de missiles et son programme darmes nucléaires. Il est en première ligne de ceux qui regardent au-delà de lhorizon et est le seul parmi une poignée dintellectuels occidentaux à mettre en garde contre les menaces provenant de Téhéran. Aucun étudiant sérieux en politique et histoire militaire du Golfe Persique ne peut se permettre dignorer son travail. Ses recherches aussi bien sur lIrak de Saddam Hussein que sur la République Islamique dIran sont des lectures indispensables pour toutes personnes faisant des études sur la région aujourdhui, ainsi que pour toutes personnes préoccupées par la prolifération des armes de destruction massive.
Cest donc une honte que Timmerman, qui semble être tellement consciencieux dans ses autres recherches, se rende coupable de négligence dans son analyse du mouvement de résistance iranien. Timmerman semble avoir été « roulé » par la propagande et la désinformation de lactuel régime islamo-fasciste auquel il soppose si fermement, mais aussi du régime du feu chah Mohammed Reza Pahlavi, quil considère bizarrement comme méritant la résurrection. Son article récent publié le 20 janvier 2006 sur FrontPageMagazine.com, « When Making a Revolution, Allies Matter » (Limportance des alliés dans une révolution), regorge derreurs et dinformations erronées. Larticle est pratiquement une attaque contre les principales organisations de résistance iraniennes, le Moudjahiddin-e Khalq (MeK) et le Conseil National de la Résistance Iranienne, dont le MeK est membre.
Malheureusement, Timmerman répète ici un grand nombre dinformations fausses. Le MeK soutenait effectivement Khomeini au début lorsque le chah était encore au pouvoir, mais il la laissé tomber en 1980 lorsque celui-ci a appelé à la rédaction dune constitution basée sur le principe de la velayat-e faqih (loi cléricale islamique absolue) pour lIran. Le Mek a pris les armes pour se défendre lui et le peuple iranien contre les attaques de Khomeini contre leurs vies et leurs droits après quune manifestation pacifique à Téhéran à laquelle un million de personnes avaient participé se soit transformée en bain de sang en raison de lattaque sans provocation du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique du régime le 20 juin 1981.
Timmerman répète les vieilles accusations sur la responsabilité du MeK dans les meurtres de militaires américains dans le début des années 1970 et sur la participation de ses membres au siège de lambassade américaine à Téhéran en 1979 par des étudiants musulmans extrémistes. Des recherches scrupuleuses montreront que les assassinats des officiers américains ont été menés par un groupe dissident marxiste nommé Peykar et que la direction du MeK (emprisonnée par le chah au moment des meurtres) les avait condamnés lorsquils ont appris la nouvelle. Donc, bien loin davoir participé à la prise de lambassade, le MeK a condamné de tels actes. Les leaders islamistes de lattaque de lambassade ont écrit eux-mêmes que le MeK ne faisait pas partie de leur groupe et quil ne laurait pas laissé participé en raison de différences doctrinales (Cf. le rapport de lattaque par le porte-parole des preneurs dotages, Mme Masoomeh Ebtekar). Si Timmerman avait pris la peine de consulter le rapport consciencieux réalisé par lIran Policy Committee et lu attentivement son livre blanc n°3, il naurait pas répété ces vieux mensonges. Malheureusement, notre propre gouvernement na pas non plus pris la peine de mettre ses dossiers à jour. Cependant, un membre du personnel sénatorial ayant des liens avec les services de renseignements a déjà suggéré il y a six mois que la communauté de lespionnage américain savait pertinemment que ces vieilles accusations étaient « fausses ».
Les connaissances de Timmerman sur le MeK et le CNRI laissent à désirer. Il déclare que les Iraniens américains « font référence au chef du MeK Massoud Rajavi comme le Pol Pot de lIran parce quils pensent quil massacrerait en masse ses opposants politiques si le régime actuel implosait et si le MeK semparait du pouvoir par des émeutes organisées ». Je ne sais pas à quels Iraniens Timmerman parle, mais jai discuté avec littéralement des milliers dIraniens dans ce pays et en Europe lannée dernière et pas un seul na dit quelque chose ressemblant à ce quavance Timmerman. Ainsi, le 18 juin 2005, Maryam Rajavi, présidente élue du CNRI, a déclaré publiquement que si le CNRI/MeK devenait le gouvernement dun Iran réformé, tous les dirigeants du régime actuel devraient comparaître devant le Tribunal International de La Haye pour crimes contre lhumanité.
Mme Rajavi a également annoncé que le CNRI était en faveur de labolition de la peine de mort. Je ne crois pas que Pol Pot ait agi de cette manière avec ses ennemis.
La décision par consensus, des membres du MeK de mettre fin à leur mariage vient de la conviction que les personnes engagées dans la bataille contre le régime iranien doivent être complètement dévouées à cette mission, sans les distractions causées par le conjoint et les enfants. Si Timmerman juge ceci inacceptable, quil se prépare à lutter contre lÉglise catholique qui exige la même chose de ses prêtres et de ses nonnes. Les membres du MeK du Camp Ashraf vivent ensemble dans des casernes, vrai ; tout comme le font nos troupes dans le Camp Lejune et dans dautres installations militaires américaines. Cela fait-il deux des communistes ? Daprès les critères de Timmerman, oui, ce qui est totalement absurde !
Rajavi et les dirigeants du MeK ont quitté la France en 1986, non de leur propre gré, mais parce que le Premier ministre dalors, Jacques Chirac, a passé un marché avec le régime iranien pour que les Français au Liban soient libérés en échange de quoi Rajavi et le MeK seraient faits non grata en France. LIrak était la seule nation à offrir un refuge au MeK. Le MeK a bien fait comprendre à Saddam Hussein quils ne se mêleraient daucune façon des affaires politiques irakiennes et nattendaient aucune aide supplémentaire de la part de Saddam. Tout équipement que le MeK recevait de lIrak était payé en espèces, collectées par les sympathisants à létranger.
Timmerman répète les accusations du régime de Téhéran selon lesquelles le MeK a aidé Saddam Hussein dans la répression des Kurdes en 1991. Il cite un dirigeant kurde dont les liens avec le régime de Téhéran sont plus quévidents. Aucune source fiable ne garantirait la vérité de cette accusation. Sil y avait une petite part de vérité dans cette allégation, on sattendrait après trois années de domination américaine dans la région à ce que quelquun fournisse la preuve confirmant limplication présumée du MeK. Lopposé est vrai ; tous ceux qui se sont intéressés à la question ont affirmé que le MeK navait manifesté aucune hostilité envers les Kurdes. Une déclaration signée plus tôt dans le mois par plus de 12000 juristes irakiens en soutien au MeK réfute ces accusations fausses. La déclaration des juristes fait écho à la pétition signée lannée dernière par 2,8 millions dIrakiens, dont des milliers de Kurdes, en solidarité avec le MeK.
Timmerman continue dans la désinformation avec la police secrète du feu chah, la SAVAK, ainsi que la VEVAK de Khomeini (équivalent pour le régime du KGB soviétique), accusant le MeK davoir assassiné des militaires américains durant le règne du chah puis davoir agi comme bourreaux de hauts officiers militaires iraniens pour le compte du régime islamique. LIran Policy Committee, dirigé par lexpert de lanti-terrorisme, le Professeur Raymond Tanter, ancien membre du Conseil national de la sécurité sous le mandat de Reagan, et dont le conseil incluait un ancien ambassadeur, un général de division, deux généraux de corps darmée, un lieutenant-colonel et un capitaine (tous en retraite) représentant larmée, larmée de lair, les Marines et la marine, son directeur exécutif provenant de la communauté de lespionnage ; lIPC a mené une enquête de quatre mois à propos de ces allégations et a découvert quelles étaient inexactes (Cf. livre blanc de lIPC n°3). Les meurtres ont été menés par un groupe dissident marxiste appelé Peykar pendant que les dirigeants du MeK étaient en prison sur ordre du chah ; ils ont dénoncé les actions de Peykar lorsquils les ont apprises. A aucun moment le MeK na servi dagents pour le régime des mollahs.
En fait, le MeK na pris les armes contre personne jusquau massacre de lUniversité de Téhéran organisé par le régime le 20 juin 1981.
Citer un extrait de la lettre du secrétaire dÉtat Warren Christopher au Congrès est un acte fourbe. La lettre a été écrite par le secrétaire assistant aux affaires législatives Wendy Sherman et est remplie dallégations qui ont été réfutées par la suite. Le rapport de 1994 de Mme Sherman allait complètement à lencontre des requêtes spécifiques du Congrès pour un rapport comprenant des discussions avec le MeK et le CNRI afin que le Congrès puisse se faire une idée exacte du régime iranien et de la résistance à celui-ci. La lettre de Mme Sherman réitère les vieilles accusations de SAVAK-VEVAK à propos de limplication du MeK dans le terrorisme. La vérité est que le MeK na attaqué que les dirigeants du régime et ses agents. Il na jamais attaqué quiconque en dehors de lIran et a été attentif à ne pas provoquer de pertes civiles. Cest là les caractéristiques dun mouvement de résistance légitime, et non dun groupe terroriste. On ne peut pas en dire autant de son ennemi, le régime de Téhéran. Au lieu de faire référence à la lettre de Sherman, Timmerman aurait dû parler de la lettre de décembre 1984 du département dÉtat et du rapport de onze pages au député Lee Hamilton, président de la Commission des affaires étrangères, qui ont dépeint une image complètement différente (et beaucoup plus positive) du MeK. Il a aussi négligé de mentionner quaprès le fiasco de lIrangate, il est devenu évident que lattitude hostile du département dÉtat envers le MeK faisait partie dun marché quid pro quo avec Téhéran qui comprenait un gâteau en forme de clé, un pistolet et une Bible, en échange de la libération des otages américains au Liban.
M. Timmerman : LIPC ne cherche pas « lappui danciens hommes politiques connus, dont les commentateurs respectés de Fox News le général Paul Vallely et le lieutenant général Tom McInerney » comme vous le laissez entendre. Ils ont déjà cet appui car ces deux responsables politiques respectés sont membres de léquipe de lIPC ! Vous accusez le MeK de déformer la vérité, faites attention à ne pas être vous-même coupable de ce péché !
M. Timmerman est comme un vieux disque usé, répétant les vieilles allégations du chah et ses purs mensonges. M. Timmerman : si vous preniez le temps de vous rendre au Camp Ashraf pour interroger les membres du MeK, vous vous rendriez compte quils ne sont pas membres dune secte, mais dun groupe de patriotes iraniens dévoués et idéalistes qui ont sacrifié leur vie personnelle pour lutter contre le régime des mollahs que nous méprisons tous les deux.
Jaimerais maintenant vous poser une question, M. Timmerman. Pourquoi soutenez-vous les monarchistes et Reza Pahlavi ? A part avoir fait des émissions de radio de Los Angeles, ils nont rien fait pour lutter contre le régime depuis quils sont partis dIran il y a vingt-sept ans. Les monarchistes ne sont même pas sur la liste des ennemis du régime ; ils sont inefficaces à ce point là. LIran a connu une révolution il y a vingt-sept ans pour se débarrasser du chah ; la grande majorité des Iraniens na aucune envie de revenir à un régime ressemblant même de loin à celui du chah. Sa famille a quitté lIran avec des milliards de dollars de largent du peuple en poche. Les Pahlavi ne représentent pas ce que le président Bush appelle « une démocratie établie ». Pourquoi les soutenez-vous ? Redonnez lIran au peuple iranien en le laissant choisir dans des élections libres et surveillées par la communauté internationale ; cest, et cela a toujours été lobjectif du MeK et du CNRI.
Le Professeur Daniel M. Zucker est le président dAméricains pour la démocratie au Moyen Orient (Americans for Democracy in the Middle-East).