vendredi, mars 29, 2024
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Lorsque vous proposez une politique à propos de l’Iran, vérifiez attentivement vos sources

Lorsque vous proposez une politique à propos de l’Iran, vérifiez attentivement vos sourcesDe Professeur Daniel M. Zucker

Dr. Kenneth R. Timmerman de la Fondation pour un Iran démocratique est un adversaire implacable du régime des mollahs de Téhéran. Il s’est avéré être une source excellente concernant la formation par l’Iran de forces militaires, et particulièrement concernant son programme de missiles et son programme d’armes nucléaires. Il est en première ligne de ceux qui regardent au-delà de l’horizon et est le seul parmi une poignée d’intellectuels occidentaux à mettre en garde contre les menaces provenant de Téhéran. Aucun étudiant sérieux en politique et histoire militaire du Golfe Persique ne peut se permettre d’ignorer son travail. Ses recherches aussi bien sur l’Irak de Saddam Hussein que sur la République Islamique d’Iran sont des lectures indispensables pour toutes personnes faisant des études sur la région aujourd’hui, ainsi que pour toutes personnes préoccupées par la prolifération des armes de destruction massive. 

C’est donc une honte que Timmerman, qui semble être tellement consciencieux dans ses autres recherches, se rende coupable de négligence dans son analyse du mouvement de résistance iranien. Timmerman semble avoir été « roulé » par la propagande et la désinformation de l’actuel régime islamo-fasciste auquel il s’oppose si fermement, mais aussi du régime du feu chah  Mohammed Reza Pahlavi, qu’il considère bizarrement comme méritant la résurrection. Son article récent publié le 20 janvier 2006 sur FrontPageMagazine.com, « When Making a Revolution, Allies Matter » (L’importance des alliés dans une révolution), regorge d’erreurs et d’informations erronées. L’article est pratiquement une attaque contre les principales organisations de résistance iraniennes, le Moudjahiddin-e Khalq (MeK) et le Conseil National de la Résistance Iranienne, dont le MeK est membre.

Malheureusement, Timmerman répète ici un grand nombre d’informations fausses. Le MeK soutenait effectivement Khomeini au début lorsque le chah était encore au pouvoir, mais il l’a laissé tomber en 1980 lorsque celui-ci a appelé à la rédaction d’une constitution basée sur le principe de la velayat-e faqih (loi cléricale islamique absolue) pour l’Iran. Le Mek a pris les armes pour se défendre lui et le peuple iranien contre les attaques de Khomeini contre leurs vies et leurs droits après qu’une manifestation pacifique à Téhéran à laquelle un million de personnes avaient participé se soit transformée en bain de sang en raison de l’attaque sans provocation du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique du régime le 20 juin 1981.

Timmerman répète les vieilles accusations sur la responsabilité du MeK dans les meurtres de militaires américains dans le début des années 1970 et sur la participation de ses membres au siège de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979 par des étudiants musulmans extrémistes. Des recherches scrupuleuses montreront que les assassinats des officiers américains ont été menés par un groupe dissident marxiste nommé Peykar et que la direction du MeK (emprisonnée par le chah au moment des meurtres) les avait condamnés lorsqu’ils ont appris la nouvelle. Donc, bien loin d’avoir participé à la prise de l’ambassade, le MeK a condamné de tels actes. Les leaders islamistes de l’attaque de l’ambassade ont écrit eux-mêmes que le MeK ne faisait pas partie de leur groupe et qu’il ne l’aurait pas laissé participé en raison de différences doctrinales (Cf. le rapport de l’attaque par le porte-parole des preneurs d’otages, Mme Masoomeh Ebtekar). Si Timmerman avait pris la peine de consulter le rapport consciencieux réalisé par l’Iran Policy Committee et lu attentivement son livre blanc n°3, il n’aurait pas répété ces vieux mensonges. Malheureusement, notre propre gouvernement n’a pas non plus pris la peine de mettre ses dossiers à jour. Cependant, un membre du personnel sénatorial ayant des liens avec les services de renseignements a déjà suggéré il y a six mois que la communauté de l’espionnage américain savait pertinemment que ces vieilles accusations étaient « fausses ».

Les connaissances de Timmerman sur le MeK et le CNRI laissent à désirer. Il déclare que les Iraniens américains « font référence au chef du MeK Massoud Rajavi comme le ‘Pol Pot’ de l’Iran parce qu’ils pensent qu’il massacrerait en masse ses opposants politiques si le régime actuel implosait et si le MeK s’emparait du pouvoir par des émeutes organisées ». Je ne sais pas à quels Iraniens Timmerman parle, mais j’ai discuté avec littéralement des milliers d’Iraniens dans ce pays et en Europe l’année dernière et pas un seul n’a dit quelque chose ressemblant à ce qu’avance Timmerman. Ainsi, le 18 juin 2005, Maryam Rajavi, présidente élue du CNRI, a déclaré publiquement que si le CNRI/MeK devenait le gouvernement d’un Iran réformé, tous les dirigeants du régime actuel devraient comparaître devant le Tribunal International de La Haye pour crimes contre l’humanité.

Mme Rajavi a également annoncé que le CNRI était en faveur de l’abolition de la peine de mort. Je ne crois pas que Pol Pot ait agi de cette manière avec ses ennemis.

La décision par consensus, des membres du MeK de mettre fin à leur mariage vient de la conviction que les personnes engagées dans la bataille contre le régime iranien doivent être complètement dévouées à cette mission, sans les distractions causées par le conjoint et les enfants. Si Timmerman juge ceci inacceptable, qu’il se prépare à lutter contre l’Église catholique qui exige la même chose de ses prêtres et de ses nonnes. Les membres du MeK du Camp Ashraf vivent ensemble dans des casernes, vrai ; tout comme le font nos troupes dans le Camp Lejune et dans d’autres installations militaires américaines. Cela fait-il d’eux des communistes ? D’après les critères de Timmerman, oui, ce qui est totalement absurde !

Rajavi et les dirigeants du MeK ont quitté la France en 1986, non de leur propre gré, mais parce que le Premier ministre d’alors, Jacques Chirac, a passé un marché avec le régime iranien pour que les Français au Liban soient libérés en échange de quoi Rajavi et le MeK seraient faits non grata en France. L’Irak était la seule nation à offrir un refuge au MeK. Le MeK a bien fait comprendre à Saddam Hussein qu’ils ne se mêleraient d’aucune façon des affaires politiques irakiennes et n’attendaient aucune aide supplémentaire de la part de Saddam. Tout équipement que le MeK recevait de l’Irak était payé en espèces, collectées par les sympathisants à l’étranger.

Timmerman répète les accusations du régime de Téhéran selon lesquelles le MeK a aidé Saddam Hussein dans la répression des Kurdes en 1991. Il cite un dirigeant kurde dont les liens avec le régime de Téhéran sont plus qu’évidents. Aucune source fiable ne garantirait la vérité de cette accusation. S’il y avait une petite part de vérité dans cette allégation, on s’attendrait après trois années de domination américaine dans la région à ce que quelqu’un fournisse la preuve confirmant l’implication présumée du MeK. L’opposé est vrai ; tous ceux qui se sont intéressés à la question ont affirmé que le MeK n’avait manifesté aucune hostilité envers les Kurdes. Une déclaration signée plus tôt dans le mois par plus de 12000 juristes irakiens en soutien au MeK réfute ces accusations fausses. La déclaration des juristes fait écho à la pétition signée l’année dernière par 2,8 millions d’Irakiens, dont des milliers de Kurdes, en solidarité avec le MeK.

Timmerman continue dans la désinformation avec la police secrète du feu chah, la SAVAK, ainsi que la VEVAK de Khomeini (équivalent pour le régime du KGB soviétique), accusant le MeK d’avoir assassiné des militaires américains durant le règne du chah puis d’avoir agi comme bourreaux de hauts officiers militaires iraniens pour le compte du régime islamique. L’Iran Policy Committee, dirigé par l’expert de l’anti-terrorisme, le Professeur Raymond Tanter, ancien membre du Conseil national de la sécurité sous le mandat de Reagan, et dont le conseil incluait un ancien ambassadeur, un général de division, deux généraux de corps d’armée, un lieutenant-colonel et un capitaine (tous en retraite) représentant l’armée, l’armée de l’air, les Marines et la marine, son directeur exécutif provenant de la communauté de l’espionnage ; l’IPC a mené une enquête de quatre mois à propos de ces allégations et a découvert qu’elles étaient inexactes (Cf. livre blanc de l’IPC n°3). Les meurtres ont été menés par un groupe dissident marxiste appelé Peykar pendant que les dirigeants du MeK étaient en prison sur ordre du chah ; ils ont dénoncé les actions de Peykar lorsqu’ils les ont apprises. A aucun moment le MeK n’a servi d’agents pour le régime des mollahs.

En fait, le MeK n’a pris les armes contre personne jusqu’au massacre de l’Université de Téhéran organisé par le régime le 20 juin 1981.
 
Citer un extrait de la lettre du secrétaire d’État Warren Christopher au Congrès est un acte fourbe. La lettre a été écrite par le secrétaire assistant aux affaires législatives Wendy Sherman et est remplie d’allégations qui ont été réfutées par la suite. Le rapport de 1994 de Mme Sherman allait complètement à l’encontre des requêtes spécifiques du Congrès pour un rapport comprenant des discussions avec le MeK et le CNRI afin que le Congrès puisse se faire une idée exacte du régime iranien et de la résistance à celui-ci. La lettre de Mme Sherman réitère les vieilles accusations de SAVAK-VEVAK à propos de l’implication du MeK dans le terrorisme. La vérité est que le MeK n’a attaqué que les dirigeants du régime et ses agents. Il n’a jamais attaqué quiconque en dehors de l’Iran et a été attentif à ne pas provoquer de pertes civiles. C’est là les caractéristiques d’un mouvement de résistance légitime, et non d’un groupe terroriste. On ne peut pas en dire autant de son ennemi, le régime de Téhéran. Au lieu de faire référence à la lettre de Sherman, Timmerman aurait dû parler de la lettre de décembre 1984 du département d’État et du rapport de onze pages au député Lee Hamilton, président de la Commission des affaires étrangères, qui ont dépeint une image complètement différente (et beaucoup plus positive) du MeK. Il a aussi négligé de mentionner qu’après le fiasco de l’Irangate, il est devenu évident que l’attitude hostile du département d’État envers le MeK faisait partie d’un marché quid pro quo avec Téhéran qui comprenait un gâteau en forme de clé, un pistolet et une Bible, en échange de la libération des otages américains au Liban.

M. Timmerman : L’IPC ne cherche pas « l’appui d’anciens hommes politiques connus, dont les commentateurs respectés de Fox News le général Paul Vallely et le lieutenant général Tom McInerney » comme vous le laissez entendre. Ils ont déjà cet appui car ces deux responsables politiques respectés sont membres de l’équipe de l’IPC ! Vous accusez le MeK de déformer la vérité, faites attention à ne pas être vous-même coupable de ce péché !

M. Timmerman est comme un vieux disque usé, répétant les vieilles allégations du chah et ses purs mensonges. M. Timmerman : si vous preniez le temps de vous rendre au Camp Ashraf pour interroger les membres du MeK, vous vous rendriez compte qu’ils ne sont pas membres d’une secte, mais d’un groupe de patriotes iraniens dévoués et idéalistes qui ont sacrifié leur vie personnelle pour lutter contre le régime des mollahs que nous méprisons tous les deux.

J’aimerais maintenant vous poser une question, M. Timmerman. Pourquoi soutenez-vous les monarchistes et Reza Pahlavi ? A part avoir fait des émissions de radio de Los Angeles, ils n’ont rien fait pour lutter contre le régime depuis qu’ils sont partis d’Iran il y a vingt-sept ans. Les monarchistes ne sont même pas sur la liste des ennemis du régime ; ils sont inefficaces à ce point là. L’Iran a connu une révolution il y a vingt-sept ans pour se débarrasser du chah ; la grande majorité des Iraniens na aucune envie de revenir à un régime ressemblant même de loin à celui du chah. Sa famille a quitté l’Iran avec des milliards de dollars de l’argent du peuple en poche. Les Pahlavi ne représentent pas ce que le président Bush appelle  « une démocratie établie ». Pourquoi les soutenez-vous ? Redonnez l’Iran au peuple iranien en le laissant choisir dans des élections libres et surveillées par la communauté internationale ; c’est, et cela a toujours été l’objectif du MeK et du CNRI.

Le Professeur Daniel M. Zucker est le président d’Américains pour la démocratie au Moyen Orient (Americans for Democracy in the Middle-East).