samedi, juillet 27, 2024
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Iran – Le silence coupable des mollahs à propos du massacre des caricaturistes de Charlie Hebdo

CNRI – Dès la publication de la nouvelle du massacre des caricaturistes et journalistes de Charlie Hebdo, le monde musulman a immédiatement réagit pour condamner fermement cette tuerie abjecte et pour dire haut et fort que les auteurs de cet acte barbare n’ont rien à voir avec l’Islam.

L’Université Al-Azhar au Caire, le plus important centre religieux des musulmans sunnites dans le monde, la Ligue arabe et de nombreux pays musulmans, notamment la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Afghanistan et le Pakistan, ont condamné ces assassinats atroces.

Mais le régime intégriste au pouvoir en Iran a eu une attitude ambiguë à l’égard de cet événement. Ce régime s’est contenté d’une prise de position de Marzieh Afkham, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Cette dernière a condamné « l’action terroriste à Paris », tout en condamnant « ceux qui abusent de la liberté d’expression et qui profèrent des blasphèmes contre des personnalités respectées par des religions et des nations ». Evidemment, cette deuxième condamnation vise les caricaturistes tombés sous des balles des terroristes.

La porte-parole a accusé les pays occidentaux d’être les responsables de ce type d’événements: « Malheureusement les politiques erronées et des attitudes de ‘deux poids deux mesures’ contre la violence et l’intégrisme ont préparé le terrain pour ce type d’événements » (dépêche d’Irna, l’agence de presse officielle du régime des mollahs, le mercredi 7 janvier 2015).

Les dirigeants du régime des mollahs, notamment le guide suprême (Ali Khamenei), le président (Hassan Rohani) et le chef du parlement (Ali Laridjani), sont restés silencieux sur cette affaire. Les oulémas de Qom – qui dans de pareils cas suivent généralement les politiques officielles du régime – ont également préféré garder le silence.

La seule signification de ce silence est que les dirigeants du régime des mollahs sont en réalité assez satisfaits de l’assassinat de ces caricaturistes et journalistes.

Le 9 janvier, lors de la cérémonie de la prière de vendredi à Téhéran, le mollah Ahmad Khatami (le chef de cette cérémonie) a commenté les événements survenus à Paris, en s’en prenant aux pays occidentaux. Il a affirmé : « Qui est le responsable de tant de massacres dans ces pays ? Qui donne des armes et de l’argent aux auteurs de ces massacres ? Ces tueurs sont fiancés par des dollars américains, des livres britanniques et des euros des pays européens. Ce sont ces pays qui ont élevé ces serpents dans leurs manches. Celui qui sème le vent, récolte la tempête. »

Ensuite, le mollah Ahmad Khatami s’est ainsi adressé aux dirigeants des pays occidentaux : « Ces terroristes ont été soutenus et entrainés par vous et par vos alliés. Maintenant, vous subissez à votre tour le terrorisme. Cela fait plus de 10 ans que vous faites fausse route en soutenant des terroristes. Cessez cette politique erronée et revenez au droit chemin. »

Le principal objectif de ces déclarations est de légitimer ce type de massacre commis au nom de l’Islam.

Un jour avant, l’agence Tasnim (liée à la Force terroriste Qods) était allé encore plus loin, en proférant des menaces contre la France et en ajoutant que la France va subir d’autres attaques terroristes de ce type si elle ne change pas sa politique en Syrie : « La France va faire face à une vague d’attaques terroristes et l’attaque contre Charlie Hebdo n’est qu’un début. Les responsables des services de sécurité en France savent mieux que quiconque que pour préserver la sécurité des différentes villes en France, il est indispensable que la France modifie sa politique vis-à-vis de la Syrie » (Extrait d’un article publié par l’agence Tasnim, daté du 8 janvier 2015).

Dans un article similaire publié le 8 janvier par le journal « Chargh » (liée à la faction de Rohani), l’auteur écrit : « Une révision des relations de certains pays avec l’Iran peut aider à réduire le climat de tension et de violence dans ces pays-là. »

Dans un autre article, publié le 8 janvier par le journal « Ressalat » (liée à la faction de Khamenei), l’auteur écrit : « Beaucoup de djihadistes ont été soutenus dans le passé par la France. La récente opération terroriste à Paris est une conséquence des agissements de la France qui a soutenu les djihadistes pendant des années. »

Ali Laridjani, le chef du parlement des mollahs, a déclaré lors d’une conférence à Téhéran : « Les événements de ces derniers jours en France sont la conséquence de l’attitude de l’Occident à l’égard de la Syrie. »

A Téhéran, les autorités ont interdit un rassemblement que voulaient organiser les journalistes iraniens en signe de solidarité avec leurs confrères français assassinés à Paris.

 

Pourquoi ce rassemblement a été interdit en Iran ?

Les mollahs ont peur de tout rassemblement spontané, car ils craignent que de tels rassemblements se transforment rapidement en un soulèvement populaire contre leur régime. Ce n’est pas du tout étonnant que le régime des mollahs interdise un rassemblement organisé à l’initiative des journalistes iraniens pour défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse.

Lors d’un discours prononcé le jeudi 9 janvier, Ali Khamenei, le guide suprême du régime des mollahs, a affirmé : « l’Islam n’accepte pas le pluralisme. L’islam prône la clémence envers les amis, mais prône la plus grande violence envers les ennemies. »

Les mollahs qui sont en train de négocier avec les pays du groupe 5+1 (dont fait partie la France) auraient pu, dans un calcul politicien, exprimer leur solidarité avec la France meurtri par le terrorisme et espérer « le renvoi de l’ascenseur » par la France. Mais ils ne l’ont pas fait ça et il y a des raisons à cela :

Exprimer de la compassion avec des journalistes assassinés est contraire avec les principes d’un régime intégriste fondé sur la répression, la négation de toute forme de liberté et l’arrestation, torture et massacre des journalistes, des écrivains et des intellectuels. Le régime des mollahs n’a jamais toléré l’existence de journaux libres et indépendants. Ces dernières années, de nombreux jeunes bloggeurs ont été arrêtés, torturés et exécutés par les mollahs et selon les Reporters Sans Frontières, l’Iran demeure l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes.

Le régime iranien est un régime fondé sur l’obscurantisme et sur la négation de toute forme de liberté. Un tel régime ne peut jamais condamner le massacre des responsables de Charlie Hebdo, un organe de presse qui incarne le libre arbitre et la liberté d’expression. Les mollahs considèrent ce massacre de journalistes comme le fruit d’une graine qu’ils ont planté il y a 36 ans et en réalité, ils en sont assez satisfaits.